A
l’heure où le peuple de Dieu sera privé de la protection des lois humaines,
et où approchera le moment fixé par le décret, il se produira simultanément
dans différents pays un mouvement en vue de l’extirpation de la secte détestée.
Une nuit sera choisie
Le
peuple de Dieu — en partie enfermé derrière des barreaux de prisons, et en
partie errant dans les forêts et les montagnes — supplie encore Dieu de lui
accorder sa protection, alors que, de toutes parts, des hommes armés, poussés
par des légions de mauvais anges, sont prêts pour leur œuvre de mort. C’est
à l’heure la plus critique que le Dieu d’Israël interviendra pour délivrer
ses élus. Le Seigneur leur dit par un prophète : “
Vous chanterez comme la nuit où l’on célèbre la fête. Vous aurez le cœur
joyeux comme celui qui marche au son de la flûte, pour aller à la montagne de
l’Eterne1, vers le rocher d’Israël. Et 1’Eternel fera retentir sa voix
majestueuse, il montrera son bras prêt à frapper, dans l’ardeur de sa colère,
au milieu de la flamme d’un feu dévorant, de l’inondation,
de la tempête, et des pierres de grêle. ” (Esaïe 30 : 29, 30.)
Faisant
entendre des cris de triomphe, des railleries et des imprécations, des foules
impies s’apprêtent à se jeter sur leur proie. A ce moment même, des ténèbres
profondes, plus denses que celles de la nuit, s’abattent soudain sur la terre.
Puis un arc-en-ciel réfléchissant la gloire du trône de Dieu encercle le
firmament, et semble entourer séparément les groupes de fidèles en prière.
Brusquement arrêtées dans leur marche, les bandes irritées, saisies
d’effroi et réduites au silence, oublient les objets de leur fureur. Pleines
de sombres pressentiments, elles contemplent le gage de l’alliance divine, et
ne demandent plus qu’à être mises à l’abri de l’éclat qui les aveugle.
Les
enfants de Dieu entendent une voix claire et mélodieuse qui leur dit : “
Regardez en haut ! ” Levant les
yeux, ils voient le signe de la promesse. Les noirs nuages qui couvrent leurs têtes
s’écartent, et, comme Etienne, ils contemplent le Fils de l’homme
assis sur son trône, entouré de la gloire de Dieu et portant sur son corps les
marques de son humiliation. On entend tomber de ses lèvres cette requête
qu’il adresse au Père en présence des saints anges : “ Père, je veux que
là où je suis ceux que tu m’as donnés soient aussi avec moi. ” (Jean 17 :
24.) De nouveau, une voix musicale et triomphante se fait entendre
: “ Les voici ! les voici ! dit-elle. Saints, innocents, immaculés, ils ont
gardé la parole de ma persévérance ; ils marcheront parmi les anges. ”
Des lèvres pâles
C’est
au coup de minuit que Dieu manifeste sa puissance pour délivrer son peuple. Le
soleil paraît dans tout son éclat. Des signes et des prodiges se suivent en
succession rapide. Les méchants observent cette scène avec terreur, tandis que
les justes admirent les gages de leur délivrance. Tout dans la nature semble
avoir abandonné sa marche ordinaire. Les cours d’eau cessent de couler. De
lourds et sombres nuages se lèvent et s’entrechoquent. Au milieu d’un ciel
irrité, on distingue un espace clair, d’une gloire indescriptible ; la voix
de Dieu en sort semblable au bruit des grandes eaux, et proclame : “ C’en
est fait ! ” (Apocalypse 16 : 17.)
Cette
voix ébranle les cieux et la terre. Il se produit “ un grand tremblement de
terre, tel qu’il n’y [a] jamais eu depuis que l’homme est sur la terre un
aussi grand tremblement. ” (Apocalypse 16 : 18.)
Le firmament semble s’ouvrir et se refermer. La gloire du trône de
Dieu paraît. Les montagnes oscillent comme des roseaux agités par le vent, et
des masses de rochers déchiquetés volent de toutes parts. De sourds
grondements annoncent l’approche d’une tempête. La mer se déchaîne avec
furie. On croirait entendre la voix de démons accomplissant une œuvre de
destruction. La terre entière se soulève et s’affaisse comme les vagues de
la mer. Le sol se crevasse. Les assises du monde semblent s’effondrer. Des chaînes
de montagnes, des îles habitées disparaissent. Des ports de mer, véritables
Sodomes d’iniquités, sont engloutis par les vagues irritées. Dieu “
s’est souvenu de Babylone la grande, pour lui donner la coupe du vin de son
ardente colère ” . Des grêlons “ pesant un talent ” (Apocalypse 16 : 19,
21) sèment la destruction. Les plus fières cités de la terre sont renversées.
Les superbes palais où les grands ont accumulé leurs richesses et les objets
de leur orgueil s’écroulent sous leurs yeux. Les murs des prisons
s’effondrent, rendant la liberté à leurs innocents détenus.
Des
sépulcres s’ouvrent, “ plusieurs de ceux qui dorment dans la poussière de
la terre se réveillent, les uns pour la vie éternelle, et les autres pour
l’opprobre, pour la honte éternelle ”
. (Daniel 12 : 2.) Tous ceux qui
sont morts dans la foi au message du troisième ange sortent glorifiés de leurs
tombeaux pour entendre proclamer l’alliance de paix conclue avec les fidèles
observateurs de la loi de Dieu. D’autre part, “ ceux qui l’ont percé ”
(Apocalypse 1 : 7), qui se sont moqués du Sauveur agonisant, ainsi que les
ennemis les plus acharnés de la vérité et de son peuple, ressuscitent aussi
pour contempler sa gloire et les honneurs conférés aux fidèles.
Le
ciel est toujours couvert d’épais nuages que le soleil perce çà et là, tel
l’œil vengeur de Jéhovah. Des éclairs enveloppent la terre d’une nappe de
feu. Dominant le fracas terrifiant du tonnerre, des voix mystérieuses et
lugubres proclament le sort des méchants. Tous ne les comprennent pas ; mais
les faux docteurs les perçoivent distinctement. Les hommes qui, peu de temps
auparavant, exultaient, remplis d’insolence à l’égard des enfants de Dieu,
frissonnent d’épouvante au point que leurs cris de détresse dominent le
grondement des éléments. Les démons confessent la divinité de Jésus et
tremblent devant le déploiement de sa puissance, tandis que les hommes, en
proie à une folle terreur, implorent miséricorde et se roulent dans la poussière.
Considérant
le jour de Dieu dans leurs saintes visions, les anciens prophètes avaient dit :
“ Gémissez, car le jour de 1’Eternel est proche : il vient comme un ravage
du Tout-Puissant.” (Esaïe 13 : 6.) “ Entre dans les rochers, et cache-toi
dans la poussière, pour éviter la terreur de 1’Eternel et l’éclat de sa
majesté. L’homme au regard hautain sera abaissé, et l’orgueilleux sera
humilié : 1’Eternel seul sera élevé ce jour-là. Car il y a un jour pour
1’Eternel des armées contre tout homme orgueilleux et hautain, contre
quiconque s’élève, afin qu’il soit abaissé. ”
“ En ce jour, les hommes jetteront leurs idoles d’argent et leurs
idoles d’or, qu’ils s’étaient faites pour les adorer, aux rats et aux
chauves-souris ; et ils entreront dans les fentes des rochers et dans les creux
des pierres, pour éviter la terreur de 1’Eternel et l’éclat de sa majesté,
quand il se lèvera pour effrayer la terre. ”
(Esaïe 2 : 10-12, 20, 21.)
Une
éclaircie dans les nuages permet de voir une étoile dont l’éclat est
quadruplé en raison des ténèbres qui l’encadrent. Aux fidèles, elle parle
de foi et de joie, mais de justice et de colère aux transgresseurs de la loi de
Dieu. Ceux qui ont tout sacrifié pour leur Sauveur sont maintenant en sécurité,
“ cachés sous l’abri de sa tente ” . Devant les contempteurs de la vérité,
ils ont témoigné leur fidélité à celui qui est mort pour eux. En présence
de la mort, ils ont persévéré dans leur intégrité. Aussi un changement
merveilleux s’est opéré en eux. Soudainement délivrés de la sombre et dure
tyrannie d’hommes changés en démons, leurs visages, auparavant pâles et
hagards, sont maintenant épanouis d’admiration, de confiance et d’amour.
Ils entonnent ce chant de triomphe : “ Dieu est pour nous un refuge et un
appui, un secours qui ne manque jamais dans la détresse. C’est pourquoi nous
sommes sans crainte quand la terre est bouleversée, et que les montagnes
chancellent au cœur des mers, quand les flots de la mer mugissent, écument, se
soulèvent jusqu’à faire trembler les montagnes. ”
(Psaume 46 : 2-4.)
Pendant
que ces accents d’une sainte confiance montent vers Dieu, les nuages se
retirent, et dans l’échancrure de deux masses noires et menaçantes apparaît
la gloire indescriptible du ciel étoilé. Les splendeurs de la céleste cité
jaillissent de ses portes entrouvertes. On voit alors dans le ciel une main
tenant deux tables de pierre superposées. Le prophète l’avait dit: “ Les
cieux publieront sa justice, car c’est Dieu qui est juge. ”
( Psaume 50 : 6.) Cette
sainte loi, manifestation de la justice de Dieu, proclamée au milieu des
tonnerres et des flammes du Sinaï comme le seul guide de la vie, est maintenant
révélée aux hommes comme l’unique règle du jugement. Les tables de pierre
s’écartent ; on y reconnaît les préceptes du décalogue tracés comme par
une plume de feu ; les dix paroles de Dieu, concises, compréhensibles,
souveraines, se présentent aux yeux de tous les habitants de la terre. Les
caractères en sont si clairs que chacun peut les lire. Les les mémoires se réveillent,
et les souvenirs affluent. Les ténèbres de la superstition et de l’hérésie
sont dissipées de tous les esprits.
Il
est impossible de dépeindre l’angoisse et le désespoir de ceux qui ont foulé
aux pieds les exigences divines. Le Seigneur leur avait donné sa loi. Ils
auraient pu la méditer et y découvrir leurs défauts pendant qu’il était
encore temps de se convertir et de se réformer. Mais pour conserver la faveur
du monde, ils ont méconnu ces saints préceptes et ont enseigné aux autres à
faire de même. Ils ont voulu contraindre le peuple de Dieu à profaner son
saint jour. Ils sont maintenant condamnés par la loi qu’ils ont méprisée.
Avec une clarté aveuglante, ils voient qu’ils sont sans excuse. Ils ont eux-mêmes
choisi l’objet de leur culte, et ils constatent la différence qu’il y a a
entre le juste et le méchant, entre celui qui sert Dieu et celui qui ne le sert
pas. ” (Malachie 3 :18.)
Les
ennemis de la loi divine, depuis les ministres jusqu’aux plus obscurs mécréants,
ont une nouvelle conception de la vérité et du devoir. Ils reconnaissent, mais
trop tard, que le septième jour du quatrième commandement est le sceau du Dieu
vivant. Trop tard, ils discernent la vraie nature de leur faux jour férié et
le fondement de sable sur lequel ils ont édifié. Ils doivent admettre qu’ils
ont fait la guerre à Dieu. Conducteurs religieux, ils ont mené les âmes à la
perdition tout en prétendant les conduire à la porte du paradis. C’est
seulement maintenant, au grand jour des rétributions, qu’ils voient combien
est grande la responsabilité des hommes occupant des fonctions sacrées, et
combien redoutables sont les conséquences de leur infidélité. L’éternité
révélera tout ce que représente la perte d’une seule âme. Terrible sera le
sort de ceux auxquels Dieu dira : “ Retirez-vous de moi, méchants serviteurs
! ”
On
entend alors la voix de Dieu annoncer du haut du ciel le jour et l’heure de la
venue de Jésus et proclamer à son peuple l’alliance éternelle. Comme les éclats
du plus puissant tonnerre, ses paroles font le tour de la terre. Les enfants de
Dieu les écoutent, les regards fixés en haut et le visage illuminé de sa
gloire, comme l’était celui de Moïse à sa descente du Sinaï. Les méchants
ne peuvent supporter leur vue. Et quand la bénédiction est prononcée sur ceux
qui ont honoré Dieu en sanctifiant son saint jour, on entend un immense cri de
victoire.
Bientôt
apparaît vers l’orient une petite nuée noire, grande comme la moitié
d’une main d’homme. Elle entoure le Sauveur et semble, à distance, enveloppée
de ténèbres. Le peuple de Dieu la reconnaît comme le signe du Fils de
l’homme. Dans un silence solennel, il la contemple à mesure qu’elle
s’approche de la terre et devient de plus en plus lumineuse. Elle a bientôt
l’apparence d’une grande nuée blanche entourée de l’arc-en-ciel de
l’alliance de Dieu, dont la base est semblable à un brasier. Jésus
s’avance à cheval dans l’attitude martiale d’un conquérant. Il n’est
plus “ l’homme de douleur ” buvant jusqu’à la lie la coupe amère de
l’opprobre et de l’ignominie. Vainqueur dans le ciel et sur la terre, il
vient pour juger les vivants et les morts. “ Fidèle et Véritable ” , “
il juge et combat avec justice ”
. “ Les armées qui sont dans le Ciel le suivent. ” (Apocalypse 19 : 11,
14.) La foule innombrable des
saints anges l’accompagne et fait retentir ses célestes mélodies. Tout le
firmament semble vibrer “ des myriades de myriades et des milliers de milliers
” de ces êtres glorieux. La plume est impuissante à décrire cette scène,
et l’esprit humain n’en saurait concevoir l’éclat. “ Sa majesté couvre
les cieux, et sa gloire remplit la terre. C’est comme l’éclat de la lumière.
” (Habakuk 3 : 3, 4.) A mesure
que s’approche cette nuée vivante, chacun contemple le Prince de la vie.
Nulle couronne d’épines ne déchire aujourd’hui ce front sacré, ceint
d’un éblouissant diadème. La gloire de son visage fait pâlir l’éclat du
soleil de midi. “ Il y a sur son vêtement et sur sa cuisse un nom écrit :
ROI DES ROIS ET SEIGNEUR DES SEIGNEURS. ” (Apocalypse 19 : 16.)
En
sa présence, “ tous les visages sont devenus pâles ” , et les contempteurs
de la miséricorde divine tombent dans les terreurs d’un désespoir éternel.
“ Les cœurs sont abattus, les genoux chancellent ” , “ tous les visages pâlissent
” (Nahum 2 : 11 ; voir Jérémie 30 : 6), et les justes s’écrient d’une
voix plaintive : “ Qui pourra subsister ? ” Le chant des anges se tait, et
le silence devient oppressif, mais Jésus répond : “ Ma grâce vous suffit.
” Alors les traits des justes s’illuminent, la joie inonde tous les cœurs,
et les anges entonnent à nouveau leur cantique, tout en se rapprochant de la
terre.
Enveloppé
de flammes de feu, le Roi des rois descend sur la nuée. “ Le ciel se retire
comme un livre qu’on roule ” , la
terre tremble devant lui, et “ toutes les montagnes et les îles sont remuées
de leurs places ” . “ Il vient, notre Dieu, il ne reste pas en silence ;
devant lui est un feu dévorant, autour de lui une violente tempête. Il crie
vers les cieux en haut, et vers la terre, pour juger son peuple. ” (Apocalypse
6 : 14 ; Psaume 50 : 3, 4.)
“
Les rois de la terre, les grands, les chefs militaires, les riches, les
puissants, tous les esclaves et les hommes libres, se cachèrent dans les
cavernes et dans les rochers des montagnes. Et ils disaient aux montagnes et aux
rochers : Tombez sur nous, et cachez-nous devant 1a face de celui qui est assis
sur le trône, et devant la colère de l’agneau ; car le grand jour de sa colère
est venu, et qui peut subsister ? ” (Apocalypse 6 : 15-17.)
Les
railleries ont pris fin. Les lèvres mensongères sont réduites au silence. Le
cliquetis des armes et le tumulte de la bataille (voir Esaïe 9 : 4) ont cessé.
On n’entend que des prières, des sanglots et des lamentations. “ Le grand
jour de sa colère est venu, et qui peut subsister ? ” hurlent les lèvres qui
ricanaient tout à l’heure. Les méchants demandent à être ensevelis sous
les rochers et les montagnes, plutôt que d’affronter le regard de celui
qu’ils ont méprisé.
Cette
voix, qui parvient aux oreilles des morts, ils la connaissent. Que de fois ses
accents doux et tendres ne les ont-ils pas conviés à la conversion ? Que de
fois ne s’est-elle pas fait entendre dans les exhortations affectueuses d’un
ami, d’un frère, d’un Rédempteur
! Aux contempteurs de sa grâce, aucune voix ne saurait être aussi sévère,
aussi terrible que celle qui disait, en suppliant : “ Revenez, revenez de
votre mauvaise voie ; et pourquoi mourriez-vous ? ” (Ezéchiel 33 : 20.)
Oh! Si seulement cette voix était celle d’un étranger! Aujourd’hui
elle leur dit : “ Puisque j’appelle et que vous résistez, puisque j’étends
ma main et que personne n’y prend garde, puisque vous rejetez tous mes
conseils, et que vous n’aimez pas mes réprimandes, ... quand la terreur vous
saisira comme une tempête, ... je ne répondrai pas.” (Proverbes 1 : 24-28.)
Cette voix rappelle des souvenirs que l’on voudrait pouvoir effacer,
des avertissements méconnus, des invitations refusées, des occasions négligées.
Là
sont ceux qui ont bafoué le Sauveur au jour de son humiliation. C’est avec
une puissance irrésistible que se présentent à leur mémoire ces paroles de Jésus
lorsque, adjuré par le souverain sacrificateur, il répondit solennellement :
“ Vous verrez désormais le Fils de l’homme assis à la droite de la
puissance de Dieu, et venant sur les nuées du ciel. ” (Matthieu 26 : 64.)
Ils le contemplent maintenant dans sa gloire, et il faut qu’ils le
voient encore assis à la droite de la puissance de Dieu.
Ceux
qui ont ridiculisé l’affirmation qu’il était le Fils de Dieu sont
maintenant bouche close. Là se trouve le hautain Hérode qui se moquait de sa
royauté et qui ordonnait à ses soldats ricaneurs de le couronner. Là se
trouvent les hommes dont les mains sacrilèges, après l’avoir ironiquement
revêtu d’un manteau de pourpre, ont ceint son front sacré d’une couronne
d’épines et placé dans sa main docile un sceptre dérisoire, puis se sont
prosternés devant lui, la raillerie et le blasphème sur les lèvres. Les
hommes qui ont frappé au visage le Prince de la vie et l’ont couvert de leurs
crachats se détournent maintenant de son regard perçant, et cherchent à fuir
la gloire indicible de sa présence. Ceux qui enfoncèrent des clous à travers
ses mains et ses pieds, le soldat qui perça son côté de sa lance, contemplent
ces cicatrices avec terreur et remords.
Les
événements du Calvaire reviennent avec une douloureuse clarté à la mémoire
des sacrificateurs et des principaux du peuple. Frémissants d’horreur, ils se
rappellent comment, sous l’inspiration de Satan, ils disaient en branlant la tête
: “ Il a sauvé les autres, et il ne peut se sauver lui-même ! S’il est roi
d’Israël, qu’il descende de la croix, et nous croirons en lui. Il s’est
confié en Dieu ; que Dieu le délivre maintenant, s’il l’aime. ”
(Matthieu 27 : 42, 43.)
Ils
se souviennent clairement de la parabole des vignerons qui refusèrent de rendre
au propriétaire le fruit de la vigne, maltraitèrent ses serviteurs et tuèrent
son fils. Ils se souviennent tout aussi distinctement de leur propre verdict :
“ Le maître de la vigne … fera périr misérablement ces misérables. ”
(Matthieu 21 : 41.) Dans le
péché et le châtiment des vignerons infidèles, les sacrificateurs et les
anciens voient leur propre conduite et leur juste sort. Aussi, entend-on s’élever,
plus immense et plus perçante que le cri de “ Crucifie ! Crucifie ! ” poussé
dans les rues de Jérusalem, cette clameur d’agonie
: “ C’est le Fils de Dieu ! C’est le vrai Messie ! ” Et l’on veut fuir
la présence du Roi des rois. Et l’on s’élance, pour y chercher un vain
refuge, vers les cavernes, vers les crevasses de la terre bouleversée.
Dans
l’existence de tous ceux qui rejettent la vérité, il y a des moments où la
conscience se réveille, où la mémoire rappelle le souvenir douloureux d’une
vie d’hypocrisie, où l’âme est harcelée de vains regrets. Mais que sont
ces heures comparées aux remords du jour où “ la détresse et l’angoisse
fondront sur vous ” , et où “ le malheur vous
enveloppera comme un tourbillon ”
? (Proverbes 1 : 27.) Ceux qui
auraient voulu les détruire contemplent maintenant la gloire de Jésus et de
ses disciples. Du fond de leur angoisse, ils entendent la voix des saints s’écriant
joyeusement : “ Voici, c’est notre Dieu, en qui nous avons confiance, et
c’est lui qui nous sauve .” (Esaïe 25 : 9.)
Pendant
que la terre chancelle, que l’éclair déchire la nue et que rugit le
tonnerre, la voix du Fils de Dieu appelle les saints hors de leurs tombeaux.
Jetant ses regards sur ces tombes, il lève les mains vers le ciel et s’écrie
: “ Debout, debout, debout vous qui dormez dans la poussière ! ” Dans
toutes les parties de la terre, “ les morts entendront la voix du Fils de
l’homme, et ceux qui l’auront entendue vivront ” . La terre entière
tremble sous les pas d’une immense multitude venant de toute nation, de toute
tribu, de toute langue et de tout peuple. Revêtus d’une gloire immortelle,
ils sortent de la prison de la mort, en s’écriant : “ O mort, où est ta
victoire ? O mort, où est ton aiguillon ? ” (1 Corinthiens 15 : 55.)
Puis les justes vivants et les saints ressuscités s’unissent dans une
joyeuse et puissante acclamation.
En sortant de la tombe, ils ont la taille qu’ils avaient
lorsqu’ils y sont descendus. Adam, qui est de leur nombre, est d’un port
majestueux, mais d’une stature un peu moins élevée que le Fils de Dieu. Il
offre un contraste frappant avec les hommes des générations suivantes, ce qui
permet de constater la profonde dégénérescence de la race humaine. Mais tous
se relèvent avec la fraîcheur et la vigueur d’une éternelle jeunesse.
Au
commencement, l’homme avait été créé à l’image de Dieu, non seulement
au moral, mais aussi au physique, et cette ressemblance, le péché l’a
presque entièrement oblitérée. Mais Jésus-Christ est venu dans le monde pour
restaurer ce qui avait été perdu. A son retour, il transformera le corps de
notre humiliation en le rendant semblable au sien. Notre corps mortel,
corruptible, enlaidi et souillé par le péché, retrouvera sa perfection et sa
beauté. Toutes tares et toutes difformités seront laissées dans la tombe.
Admis à manger de l’arbre de vie dans l’Eden retrouvé, les rachetés croîtront
“ à la mesure de la stature ” de notre race en sa gloire première. Les
derniers vestiges de la malédiction effacés, les fidèles du Seigneur apparaîtront
dans la beauté de l’Eterne1, notre Dieu,
réfléchissant dans leur esprit, dans leur âme et dans leur corps
l’image parfaite de leur Sauveur. O rédemption merveilleuse, si longtemps
attendue, contemplée avec impatience, mais jamais parfaitement comprise !
Les
justes vivants sont changés “ en un instant, en un clin d’œil ” . A la
voix de Dieu, ils sont glorifiés, immortalisés, et, avec les saints ressuscités,
enlevés dans les airs, à la rencontre du Seigneur. Les anges rassemblent les
élus des quatre vents, d’une extrémité de la terre à l’autre. Les petits
enfants sont portés par les anges dans les bras de leurs mères. Des amis que
la mort a longtemps séparés sont réunis pour ne plus jamais se quitter, et
c’est avec des chants d’allégresse qu’ils montent ensemble vers la cité
de Dieu.
Le
chariot constitué par la nuée — muni de chaque côté d’ailes et de roues
vivantes — remonte vers le ciel. A mesure qu’il s’élève, les roues et
les ailes répètent : “ Saint ! saint! ” Le cortège d’anges s’écrie :
“ Saint, saint, saint est le Seigneur Dieu, le Tout-Puissant ” , et pendant
que le chariot s’avance dans la direction de la nouvelle Jérusalem, les
rachetés clament : “ Alléluia ! ”
Avant d’entrer dans la cité
de Dieu, le Seigneur distribue à ses disciples les emblèmes de la victoire, et
les investit des insignes de la royauté. La brillante phalange se forme en carré
autour de son Roi, qui les enveloppe tous d’un indicible regard d’amour, et
dont la stature majestueuse s’élève bien au-dessus de celle des anges et des
saints. L’innombrable armée des Saints,
les yeux fixés sur lui, contemple la gloire de celui dont le “ visage etait défiguré,
tant son aspect différait de celui des fils de l’homme ” . (Esaïe 52 :
14.) De sa main droite, Jésus
place la couronne de gloire sur la tête des vainqueurs. Chacun reçoit aussi
une couronne portant son “ nom nouveau ” (Apocalypse 2 : 17) et
l’inscription : Sainteté à l’Eternel.” Chacun reçoit aussi des palmes
de victoire et une harpe étincelante. Puis des anges supérieurs donnent le
ton, et tous les saints font vibrer avec art les cordes de leur harpes dont ils
tirent une musique d’une innefable beauté.Un ravissement innefable fait
battre les cœurs des rachetés qui adressent au sauveur cette louange pleine de
reconnaissance : “ A celui qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés
par son sang, et qui a fait de nous
un royaume, des sacrificateurs pour Dieu son Père, à lui soit la gloire et la
puissance, aux siècles des siècles ! Amen ! ” (Apocalypse 1 : 5, 6.)
La
foule des rachetés est arrivée en face de la sainte Cité. Jésus en ouvre à
deux battants les portes de perles.
Les nations qui ont gardé la vérités y pénètrent et y contemplent le
Paradis de Dieu, la demeure d’Adam en son innocence. Alors la voix la plus mélodieuse
et la plus suave qui ait jamais
frappé des oreilles humaines leur dit : “ Vos luttes sont finies. Venez, vous
qui êtes bénis de mon Père ; prenez possession du royaume qui vous a été préparé
dès la fondation du monde. ”
Elle
est maintenant exaucée cette prière du Sauveur en faveur de ses disciples :
“ je veux que là où je suis vous y soyez aussi avec moi. ” “ Irrépréhensiles
et dans l’allegresse ” (Jude
24), le rachetés de Jésus-Christ sont
présentés au Père par son fils en ces mots
: “ Me voici,
moi et les enfants que tu m’as donnés. … J’ai gardé ceux que tu m’as
donnés. ” Qui dira le ravissement de cette heure ou le Père,
contemplant les rachetés, retrouvera en eux son image, car le péché et la
souillure auront dsiparu, et où l’humanité aura retrouvé son harmonie avec
la divinité !
La
voix empreinte d’un amour ineffable, Jésus invite alors ses fidèles à
participer à “ la joie de leur Maître ” . Son bonheur consiste à voir
dans son royaume de gloire les âmes sauvés par son humiliations et ses
souffrances. Celui des élus sera de voir parmi les bienheureux des êtres sauvés
par leur prières, leur travaux et leur dévouement. Tandis qu’ils sont réunis
autour du grand trône blanc, une joie inexprimable innonde leur cœur à la vue
de ces âmes et de celle gagnées par elles, rassemblées
toutes dans le repos céleste, jetant leurs couronnes aux pieds de Jésus,
et admises à louer pendant les siècles éternels.
Au
moment où les rachetés sont accueillis dans la cité de Dieu, une acclamation
d’enthousiasme et d’adoration déchire les airs. Les deux Adam sont sur le
point de se rencontrer. Le fils de Dieu ouvre ses bras au père de notre race,
à l’être qu’il a crée, mais qui a péché contre son créateur, et par la
faute duquel le Sauveur porte en son corps les stigmates de la crucifixion. En
voyant ces cruelles cicatrices, Adam se ne jette pas dans les bras du sauveur;
il se prosterne humblement à ses pieds en s’écriant : “ Digne est
l’agneau qui a été immolé ! ” Tendrement, le Seigneur le relève, et
l’invite à revoir l’Eden dont il a été si longtemps exilé.
Apres
qu’Adam eut été expulsé d’Eden, sa vie sur la terre fut abreuvée de
tristesse. Chaque feuille fanée, chaque victime des sacrifices, chaque altération
de la nature naguère si belle,
chaque imperfection morale lui rappelait son péché. Il avait éprouvé de
cuisants remords à la vue des progrès et des débordements de l’iniquité.
Ses avertissements s’étaient heurtés des accusations et à d’amers
reproches. Humblement, patiemment, durant près d’un millénaire, il avait
supporté la conséquence de sa transgression. Sincèrement repentant de son péché,
il s’était confié dans les mérites du sauveur promis, et s’était endormi
avec l’espérance de la résurrection. Grâce au fils de Dieu, qui a racheté
l’homme de sa chute, et grâce à son œuvre de propitiation, Adam peut
maintenant réintégrer son premier domaine.
Emu
et rayonnant de joie, il reconnaît les arbres qui faisaient autrefois ses délices,
et dont il avait cueilli les fruits aux jours de son innocence et de sa félicité.
Il voit les ceps qu’il a lui-même taillés et les fleurs qu’il aimait
autrefois cultiver. La réalité de la scène le
Les
anges qui ont pleuré à la chute d’Adam assistent à cette scène. Pleins de
joie lorsque, au jour de sa résurrection, Jésus était monté au ciel après
avoir ouvert la porte de la tombe à tous les croyants, ils voient maintenant
l’œuvre de la rédemption consommée, et s’unissent au cantique de louange.
Sur
la mer de cristal qui est devant le trône — et que les reflets de la gloire
de Dieu font ressembler à du verre mêlé de feu — sont réunis ceux qui ont
“ vaincu labête, et son image, et le nombre de son nom ” . (Apocalypse 15:
2.) Les cent quarante-quatre mille qui ont été rachetés parmi
les hommes se tiennent sur la montagne de Sion avec l’agneau, “ ayant des
harpes de Dieu ” , et l’on entend “ du ciel une voix comme un bruit de
grosses eaux, comme le bruit d’un grand tonnerre ; et la voix que l’on
entendait ” “ était comme celle de joueurs de harpes jouant de leurs harpes
” (Apocalypse 14 : 1-5 ; 15 : 3.) Ils
chantent un cantique nouveau devant le trône, cantique que personne ne peut
apprendre, sinon les cent quarante-quatre mille. C’est le cantique de Moïse
et de l’agneau. Ce chant de délivrance, seuls les cent quarante-quatre mille
peuvent l’apprendre, car c’est l’hymne de leur histoire, histoire vécue
par eux seuls. “ Ils suivent l’agneau partout où il va. ” Enlevés de la
terre, d’entre les vivants, ils sont considérés “ comme des prémices pour
Dieu et pour l’agneau ”. “ Ce sont ceux qui viennent de la grande
tribulation. ” (Apocalypse 7 : 14, 15.) Ils
ont traversé un temps de détresse tel qu’il n’y en a jamais eu depuis que
les nations existent ; ils ont enduré les angoisses de la détresse de Jacob ;
ils ont subsisté sans intercesseur au milieu du déchaînement final des
jugements de Dieu. Mais ils ont été délivrés, car “ ils ont lavé leurs
robes, et ils les ont blanchies dans le sang de l’agneau ” . “ Dans leur
bouche il ne s’est point trouvé de mensonge, car ils sont irrépréhensibles
” devant Dieu. “ C’est pour cela qu’ils sont devant le trône de Dieu,
et le servent jour et nuit dans son temple. Celui qui est assis sur le trône
dressera sa tente sur eux.” (Apocalypse 7 : 14, 15.)
Ils ont vu la terre désolée par la famine, par la peste et par les
ardeurs d’un soleil dévorant ; ils ont eux-mêmes enduré la faim et la soif.
Mais “ ils n’auront plus faim, ils n’auront plus soif, et le soleil ne les
frappera point, ni aucune chaleur. Car l’agneau qui est au milieu du trône
les paîtra et les conduira aux sources des eaux de la vie, et Dieu essuiera
toute larme de leurs yeux. ” (Apocalypse 7 : 16,17.)
Dans
tous les siècles, les élus de Dieu ont été formés et disciplinés à l’école
de l’épreuve. Ils ont foulé sur la terre des sentiers étroits ; ils ont été
purifiés dans la fournaise de l’affliction. Pour l’amour de Jésus, ils ont
enduré l’opposition, la haine et la calomnie. Ils l’ont suivi dans les plus
rudes conflits : ils ont supporté le renoncement et d’amers désappointements.
Une douloureuse expérience leur a fait comprendre ce que le péché a
d’odieux, de puissant, de néfaste ; aussi le considèrent-ils avec horreur.
La compréhension du sacrifice infini consenti en vue de les en guérir leur
donne le sentiment de leur petitesse, et remplit leurs cœurs d’une
reconnaissance que ne sauraient comprendre ceux qui ne sont jamais tombés. Ils
aiment beaucoup, parce qu’il leur a été beaucoup pardonné. Participants des
souffrances du Christ, ils sont qualifiés pour participer à sa gloire.
Les
héritiers de Dieu viennent des mansardes, des taudis, des prisons, des échafauds,
des montagnes, des déserts, des
antres de la terre et des profondeurs de la mer. Sur la terre, ils étaient “
dénués de tout, persécutés, maltraités ” . Des millions d’entre eux
sont descendus dans la tombe
portant les stigmates de l’infamie pour avoir fermement refusé de se
soumettre aux exigences de Satan. Les tribunaux humains les ont condamnés comme
de vils criminels. Maintenant, “ c’est Dieu qui est juge ” (Psaume 50:
6.), et les décisions de la terre sont revisées. “ Il fait disparaître de
toute la terre l’opprobre de son peuple. ” (Esaïe 25 : 8.)
“ On les appellera peuple saint, rachetés de 1’Eternel. ” Dieu a décidé
de “ leur donner un diadème au lieu de la cendre, une huile de joie au lieu
du deuil, un vêtement de louange au lieu d’un esprit abattu ” (Esaïe 62 :
12 ; 61 : 3). Ils ne sont plus
faibles, affligés, dispersés et opprimés. Désormais, ils seront toujours
avec le Seigneur. Ils entourent le trône plus richement vêtus que les hommes
les plus honorés de la terre. Ils portent sur leurs couronnes des diadèmes
plus précieux que ceux des souverains. Les jours de souffrance et de larmes
sont à jamais passés. Le Roi de gloire a effacé les pleurs de tous les
visages ; toute cause de douleur désormais disparu. Ils font entendre, en
agitant leurs palmes, un chant de louange clair, doux, mélodieux. Toutes les
voix se joignent à eux, et bientôt éclatent sous les voûtes du ciel les
notes puissantes de ce cantique : “ Le salut est à notre Dieu qui est assis
sur le trône, et à l’agneau. ” Et
tous les habitants du ciel répondent : “ Amen! La louange, la gloire, la
sagesse, l’action de grâces, l’honnneur, la puissance et la force soient à
notre Dieu aux siècles des siècles ! ”
(Apocalypse 7 : 10, 12.)
En
cette vie, on ne peut qu’effleurer faiblement le thème merveilleux de la rédemption.
Notre intelligence bornée peut s’évertuer à sonder avec une profonde
attention l’ignominie et la gloire, la vie et la mort, la justice et la miséricorde
qui se donnent rendez-vous à la croix ; mais l’effort le plus prodigieux de
notre esprit n’en saisira jamais la profonde signification. Il ne comprend que
bien imparfaitement la longueur et la largeur, la profondeur et la hauteur de
l’amour rédempteur. Même quand ils verront comme ils sont vus, quand ils
connaîtront comme ils sont connus, les élus ne comprendront pas entièrement
le plan de la rédemption. Au cours des siècles éternels, la vérité ne
cessera de se dévoiler devant leur esprit étonné et ravi. Bien que les
chagrins, les souffrances et les tentations de la terre soient à leur terme, et
que la cause en ait disparu, le peuple de Dieu aura toujours un sentiment vif et
raisonné du prix de son salut.
La
croix de Jésus-Christ sera la science et le chant des rachetés pendant les siècles
éternels. En Jésus-Christ glorifié, ils contempleront Jésus-Christ crucifié.
Jamais ils n’oublieront que celui dont la puissance a créé et soutient les
mondes innombrables de l’immensité, que le Bien-aimé de Dieu, que la Majesté
du ciel, que celui que les séraphins et les chérubins adorent avec délices
s’est humilié pour relever l’homme déchu ; qu’il a porté la culpabilité
et l’opprobre du péché sur la croix du Calvaire, qu’il a vu se voiler la
face de son Père ; qu’il a senti son cœur se briser sous le malheur d’un
monde perdu. La pensée que le Créateur de tous les mondes, 1’Arbitre de
toutes les destinées ait consenti à déposer sa gloire et à s’anéantir
pour l’amour de l’homme, restera éternellement un sujet de stupeur pour
l’univers. Chaque fois que les rachetés contempleront la gloire du Père sur
le visage de leur Rédempteur, qu’ils penseront que son trône subsistera d’éternité
en éternité et que son règne n’aura pas de fin, leur ravissement
s’exprimera par le chant : “ Digne est l’agneau qui a été immolé, et
qui nous a rachetés par son précieux sang ! ”
Le
mystère de la croix explique tous les autres. A la lumière du Calvaire, les
attributs de Dieu qui nous avaient remplis de crainte nous apparaîtront dans
leur beauté. En Dieu, la miséricorde, la tendresse et l’amour paternel
s’unissent à la sainteté, à la justice et à la puissance. Tout en
contemplant la majesté de son trône, on voit mieux que jamais l’amour qui
constitue son caractère, et l’on comprend la valeur de ce titre affectueux : “
Notre Père. ”
On
verra que celui qui est infini en sagesse ne pouvait nous sauver qu’en
sacrifiant son Fils. Son dédommagement pour ce sacrifice sera la joie de
peupler la terre d’êtres rachetés, saints, heureux, immortels. Le conflit
entre le Sauveur et la puissance des ténèbres aboutira au bonheur des élus et
à la gloire de Dieu pendant l’éternité. La valeur de l’âme humaine est
si grande que le Pére sera satisfait du prix consenti. Quant au Fils de Dieu,
les fruits de son grand sacrifice seront si beaux qu’il sera, lui aussi,
satisfait.