L‘attitude des protestants
envers l’Eglise de Rome est infiniment plus favorable aujourd’hui
qu’autrefois. Dans les pays où le catholicisme est en minorité, et où il se
fait conciliant pour étendre son influence, l’indifférence est de plus en
plus grande à l’égard des doctrines qui le séparent des églises réformées.
On en vient même à penser qu’en définitive les divergences sur les
questions vitales ne sont pas aussi considérables qu’on l’avait supposé,
et que certaines concessions de la part du protestantisme permettraient une
entente avec la hiérarchie. Il fut un temps où les protestants attachaient une
grande valeur à la liberté de conscience acquise à grand prix. Ils
inculquaient à leurs enfants l’idée que la recherche d’un accord avec Rome
équivalait à une infidélité à l’égard de Dieu. Combien les choses ont
changé !
Les défenseurs de Rome prétendent
que leur Eglise a été calomniée, et le monde protestant est enclin à les
croire. Plusieurs déclarent qu’il est injuste de tenir l’Eglise d
aujourd’hui responsable des abominations et des absurdités qui ont souillé
son règne pendant les siècles d’ignorance et de ténèbres. Ils attribuent
sa cruauté à la barbarie des temps, et affirment que sous l’influence de la
civilisation moderne elle a changé de sentiments.
On oublie la prétention à
l’infaillibilité maintenue par la hiérarchie au cours de huit siècles, prétention
qui, loin d’être abandonnée, a été proclamée au dix-neuvième siècle
avec plus d’éclat que jamais. Comment la curie romaine pourrait-elle renoncer
aux principes qui l’ont régie au cours des siècles passés puisque, à
l’en croire, 1’Eglise n’a “ jamais
erré ” et que, selon les
Ecritures, elle “ n’errera jamais ” ? (Moshein , Eccl.
Hist, liv. III, 2e p., ch II, par. 9, note 1.)
Jamais l’Eglise
n’abandonnera sa prétention à l’infaillibilité. Tout ce qu’elle a fait
contre ceux qui refusaient d’accepter ses dogmes, elle le considère comme légitime.
N’agirait-elle pas de même si l’occasion s’en présentait ? Que viennent
à tomber les restrictions qui lui sont actuellement imposées par les
gouvernements ; que Rome vienne à recouvrer son ancienne puissance, et l’on
ne tardera pas à voir se réveiller son esprit tyrannique et ses persécutions.
Un auteur connu s’exprime
comme suit touchant l’attitude de la hiérarchie papale à l’égard de la
liberté de conscience et des dangers que fait courir le succès de sa politique
en particulier aux Etats-Unis :
“ Il ne manque pas de gens
enclins à attribuer au fanatisme ou à l’enfantillage les craintes
qu’inspirent les progrès frappants du catholicisme aux Etats-Unis. Ces
personnes ne voient rien dans le caractère et l’attitude du romanisme qui
soit contraire à nos libres institutions, et elles n’aperçoivent rien de
bien menaçant dans ses progrès. Comparons donc quelques-uns des principes
fondamentaux de notre gouvernement avec ceux de 1’Eglise catholique.
” La Constitution des
Etats-Unis garantit la liberté de
conscience. Rien n’est plus précieux ni plus fondamental. Le pape Pie IX,
dans son encyclique du 15 août 1854, dit ceci : ” Les doctrines absurdes,
erronées ou extravagantes favorables à la liberté de conscience sont une
erreur pestilentielle, une peste des plus redoutables pour un Etat.” Le même
pape, dans son encyclique du 8 décembre 1864, “ anathématise ceux qui réclament
la liberté de conscience et de culte ” , ainsi que “ ceux qui dénient à 1’Eglise le droit de se servir de
la force ” .
” Le ton pacifique de Rome
aux Etats-Unis n’implique pas nécessairement un changement de convictions.
Elle est tolérante là où elle est impuissante. L’évêque O’Connor a dit
: “ La liberté religieuse n’est tolérée que jusqu’au moment où l’on
pourra faire le contraire sans péril pour le monde catholique. ” L’archevêque
de Saint-Louis dit, d’autre part : “ L’hérésie et l’incrédulité sont
des crimes ; aussi, dans des pays chrétiens, comme l’Italie et l’Espagne,
par exemple, où chacun est catholique, et où la religion
catholique fait essentiellement partie des lois, elles sont punies à
l’égal des autres crimes. ”
” Tout cardinal, archevêque
et évêque de l’Eglise catholique prête au pape un serment de fidélité,
serment dans lequel se trouvent les paroles suivantes : “ Je persécuterai et
poursuivrai de toutes mes forces les hérétiques, les schismatiques, et tous
les rebelles à notre dit seigneur [le pape] ou à ses successeurs . ” (Dr
Josiah Strobg, Our Country, ch. V.)
Il est vrai qu’il y a dans
la confession catholique des chrétiens authentiques. Des milliers de membres de
cette église servent Dieu au plus près de leur conscience et de leurs lumières.
Comme on ne leur permet pas de lire l’Ecriture, ils ne peuvent connaître la vérité.
Ils n’ont jamais vu le contraste existant entre un culte spontané et
l’accomplissement d’une série de cérémonies. Dieu entoure d’une tendre
compassion ces âmes instruites, malgré elles, dans une foi erronée et
trompeuse. Il veillera à ce que des rayons de lumière dissipent les ténèbres
qui les enveloppent ; il leur révélera la vérité telle qu’elle est en Jésus,
et elles se rangeront un jour en grand nombre parmi son peuple.
Mais le catholicisme, en tant
que système, n’est pas plus près de l’Evangile maintenant qu’à aucune
autre période de son histoire. Si les églises protestantes n’étaient pas
plongées dans de profondes ténèbres, elles discerneraient les signes des
temps. L’Eglise romaine poursuit de vastes projets. Elle use de tous les
moyens pour élargir le cercle de son influence et accroître sa puissance en prévision
d’un combat acharné pour reprendre le sceptre du monde, rétablir la persécution
et renverser tout ce que le protestantisme a établi. Le catholicisme gagne du
terrain de tous côtés. Voyez le nombre croissant de ses églises et de ses
chapelles dans les pays protestants. Considérez la popularité dont jouissent,
en Amérique, ses collèges et ses séminaires que fréquente
une nombreuse jeunesse
protestante. Considérez le développement du ritualisme en Angleterre et le
grand nombre de transfuges qui passent dans les rangs du catholicisme. Ces faits
devraient inquiéter tous ceux qui apprécient les purs principes de
l’Evangile.
Les protestants ont fraternisé
avec le papisme ; ils lui ont fait des concessions dont les catholiques sont
eux-mêmes surpris, et qu’ils ne comprennent pas. Ils ferment les yeux sur la
vraie nature du romanisme ainsi que sur les dangers qu’entraînerait sa suprématie.
Les gens doivent être réveillés en vue d’enrayer les progrès de ce
redoutable ennemi de nos libertés civiles et religieuses.
Beaucoup de protestants
s’imaginent que la religion catholique n’est pas attrayante et que son culte
ne se compose que d’une série de cérémonies fastidieuses. C’est une
erreur. Bien qu’elle repose sur une base fausse, ce n’est pas une imposture
grossière. Le cérémonial de l’église romaine est des plus impressionnants.
Sa pompe et ses rites solennels fascinent les sens et imposent le silence à la
raison et à la conscience. Ses églises magnifiques, ses processions
grandioses, ses autels dorés, ses riches reliquaires, ses œuvres d’art et
ses sculptures exquises charment les yeux et ravissent les amateurs du beau.
L’oreille est captivée par une musique sans égale. Les puissants accords des
orgues accompagnés de chœurs de voix d’hommes, et dont les sonorités sont répercutées
par les voûtes des grandes cathédrales, tout cela berce les âmes dans
l’adoration et le recueillement. Mais cette pompe et cette splendeur extérieure,
qui trompent les aspirations des âmes meurtries par le péché, trahissent une
corruption intérieure. La religion du Christ n’a pas besoin de tant de mise
en scène pour la recommander. A la lumière de la croix, le vrai christianisme
paraît si pur et si attrayant qu’il n’a pas besoin d’appâts extérieurs
pour en rehausser la valeur. La beauté de la sainteté, l’esprit doux et
paisible qui a du prix devant Dieu lui suffisent.
L’éclat du style n’est
pas nécessairement l’indice de pensées pures et nobles. Des hommes égoïstes
et sensuels peuvent avoir un goût exquis et de hautes conceptions artistiques.
Aussi Satan s’en sert-il pour faire oublier aux humains les besoins de leur âme,
pour leur faire perdre de vue la vie future, les détourner de leur puissant
Protecteur et les engager à ne vivre que pour ce monde.
Une religion tout extérieure
est attrayante pour le cœur naturel. Le faste et les cérémonies du culte
catholique ont une puissance de séduction et de fascination qui pousse une
foule de personnes sentimentales à considérer l’Eglise de Rome comme la
porte même du ciel. Seuls ceux qui ont posé le pied sur le Rocher de la vérité
et dont le cœur est régénéré par l’Esprit de Dieu sont à l’abri de son
influence. Des milliers d’âmes, ne connaissant pas le Sauveur par une expérience
vivante, accepteront les formes d’une piété dépourvue de force morale.
C’est là, du reste, la religion qui plaît à la multitude.
La prétention de l’Eglise
au droit de pardonner est pour beaucoup d’âmes un encouragement au péché.
La confession, sans laquelle elle n’accorde pas son pardon, tend également à
autoriser le mal. Celui qui fléchit les genoux devant un homme pécheur et lui
révèle les pensées et les secrètes fantaisies de son cœur dégrade sa
virilité et avilit les instincts les plus nobles de son âme. En dévoilant les
péchés de sa vie à un prêtre, c’est-à-dire à un mortel sujet à
l’erreur —quand il n’est pas adonné au vin et à l’impureté —
l’homme échange sa noblesse morale, contre une flétrissure. Et comme le prêtre
est pour lui le représentant de la divinité, son idée de Dieu est ravalée au
niveau de l’humanité. Cette confession dégradante d’homme à homme est la
source cachée d’une bonne partie des maux qui affligent le monde et le mûrissent
pour sa destruction finale. Néanmoins, pour celui qui aime ses vices, il est
plus agréable de se confesser à un mortel comme lui que d’ouvrir son cœur
à Dieu. La nature humaine préfère subir une pénitence plutôt que
d’abandonner le péché ; il est plus facile de mortifier sa chair par le
cilice et les chardons que de crucifier ses passions. Le cœur naturel préférera
bien des jougs blessants à celui de Jésus-Christ.
Il y a une ressemblance
frappante entre l’Eglise de Rome et le judaïsme des jours de Jésus. Bien que
foulant secrètement aux pieds tous les principes de la loi divine, les Juifs en
observaient rigoureusement les préceptes extérieurs qu’ils surchargeaient de
pratiques et de traditions d’une observance pénible et tracassière. De même
que les Juifs se disaient respectueux de la loi, de même les romanistes prétendent
l’être de la croix. Ils glorifient le symbole des souffrances de Jésus-Christ
tout en reniant par leur vie celui qui est représenté par ce symbole.
Les catholiques placent des
croix sur leurs églises, sur leurs autels et sur leurs vêtements. Partout la
croix du Sauveur est visiblement honorée et révérée, tandis que ses
enseignements sont ensevelis sous une masse de traditions puériles, de fausses
interprétations et de rites fastidieux. Les paroles du Sauveur
concernant les Juifs fanatiques s’appliquent avec plus de force encore aux
chefs de l’Eglise catholique romaine : “ Ils lient des fardeaux pesants, et
les mettent sur les épaules des hommes ; mais ils ne veulent pas les remuer du
doigt . ” (Matthieu 23 : 4.) Les âmes consciencieuses tremblent jour et nuit
à la pensée d’avoir offensé Dieu, tandis qu’un bon nombre des
dignitaires de l’Eglise vivent dans le luxe et les plaisirs sensuels.
Le culte des images et des
reliques, l’invocation des saints et les honneurs rendus au pape sont des pièges
de Satan dirigeant les esprits loin de Dieu et de son Fils. En vue de consommer
la ruine des âmes, l’adversaire détourne leur attention du seul être
capable d’assurer leur salut et donne des substituts à celui qui a dit : “
Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du
repos. ” (Matthieu 11 : 28.)
L’effort constant de
l’ennemi tend à fausser le caractère de Dieu, la nature du péché et
l’enjeu véritable du plan du salut. Par ses sophismes, il atténue les
exigences de la loi divine et encourage le péché. Il donne de Dieu une
conception qui le fait craindre et haïr plutôt qu’aimer. Attribuant à Dieu
la cruauté de son propre caractère, il incorpore la haine à des systèmes
religieux et à diverses formes de culte. Des esprits ainsi aveuglés, Satan
fait ses instruments dans sa guerre contre Dieu. Par cette perversion des
attributs de la divinité, les nations païennes en sont venues, pour apaiser la
divinité, à pratiquer des sacrifices humains et d’autres atrocités tout
aussi horribles.
L’Eglise romaine, qui a réuni les cérémonies du paganisme
à celles du christianisme, et qui, comme le paganisme, a dénaturé le caractère
de Dieu, a eu recours à des pratiques non moins cruelles et révoltantes. Au
temps de sa suprématie Rome recourait à la torture pour contraindre les gens
à souscrire à ses doctrines. Aux réfractaires, elle réservait le bûcher.
Elle organisa des massacres sur une échelle dont l’étendue ne sera connue
qu’au jour du jugement. Sous la direction de Satan, leur maître, les
dignitaires de l’Eglise étudiaient les moyens de garder leurs victimes en vie
aussi longtemps que possible tout en leur infligeant des souffrances extrêmes.
Dans bien des cas, le procédé était répété jusqu’à la dernière limite
de l’endurance humaine, au point que, la nature finissant par céder, la
victime accueillait la mort comme une douce délivrance.
Tel était le sort de
quiconque osait, résister à Rome. Pour ses adhérents, elle avait la
discipline du fouet, de la faim et de toutes les austérités corporelles
concevables. Pour s’assurer les faveurs du ciel, les pénitents violaient les
lois de Dieu régissant la nature. On les engageait à rompre des liens que Dieu
avait formés pour embellir le séjour de l’homme sur la terre. Les cimetières
contiennent des millions de victimes qui ont passé leur vie en vains efforts
pour étouffer en eux les affections naturelles et réprimer, comme coupables
aux yeux d Dieu, toute pensée et tout sentiment de sympathie envers leurs
semb!ables.
Celui qui désire prendre sur
le vif la cruauté de Satan manifestée des siècles durant, non pas chez ceux
qui n’ont jamais entendu parler de Dieu, mais au centre même de la chrétienté,
n’a qu’à lire l’histoire du romanisme. C’est par ce système colossal
de séduction que le prince des ténèbres a réalisé son dessein de déshonorer
Dieu et de plonger les hommes dans le malheur. En voyant comme il a réussi à
se déguiser et à atteindre son but par les chefs de la hiérarchie romaine, on
comprend mieux son antipathie pour les Ecritures. En effet, la Bible révèle à
ceux qui la lisent la miséricorde et l’amour de Dieu ; elle les amène à
comprendre que le Père céleste n’impose à l’homme aucune de ces
souffrances, mais qu’il lui demande seulement un cœur humilié et contrit, un
esprit humble et obéissant.
La vie de Jésus ne montre
pas que, pour se préparer à aller au ciel, il soit utile de s’enfermer dans
un monastère. Le Christ n’a jamais demandé à ses disciples d’étouffer
les sentiments d’affection et de sympathie. Son cœur débordait d’amour.
Plus on approche de la perfection morale, plus on devient sensible, plus on a le
sentiment de son péché, plus grande est la sympathie qu’on éprouve pour les
affligés. Le pape se dit le vicaire de Jésus-Christ; mais en quoi son caractère
se rapproche-t-il de celui du Sauveur ? Le Christ a-t-il jamais fait emprisonner
ou torturer des gens pour ne l’avoir pas reconnu comme Roi du ciel ? A-t-il
jamais condamné à mort ceux qui ne le recevaient pas ? Lorsqu’un jour un
village samaritain refusa l’hospitalité à Jésus, l’apôtre Jean, rempli
d’indignation, s’écria :
“ Seigneur, veux-tu que nous commandions que le feu descende du ciel et les
consume ? ” Jésus, jetant sur son disciple égaré un regard de compassion,
lui répondit : “ Le Fils de l’homme est venu, non pour perdre les âmes des
hommes, mais pour les sauver . ” (Luc 9 : 54, 56.)
Combien différents sont les sentiments de son soi-disant vicaire !
L’Eglise romaine se présente
aujourd’hui devant le monde sous un air de candide innocence et couvre
d’apologies le récit de ses cruautés. Mais sous sa livrée chrétienne, elle
est inchangée. Tous les principes professés autrefois par la papauté sont
encore les siens. Elle conserve des doctrines inventées dans les siècles les
plus enténébrés. Que personne ne s’y trompe. La papauté à laquelle le
monde protestant est aujourd’hui si enclin à rendre hommage est encore celle
qui dominait sur le monde aux jours de la Réformation, alors que des hommes de
Dieu dénoncèrent ses iniquités au péril de leur vie. Elle maintient toujours
les prétentions orgueilleuses qui la poussèrent à s’élever au-dessus des
rois et des princes, comme à se réclamer des prérogatives de la divinité.
Elle n’est ni moins cruelle ni moins despotique qu’aux jours où elle
supprimait la liberté humaine et livrait à la mort les saints du Très-Haut.
La papauté est exactement ce
que la prophétie a dit d’elle: l’apostasie des derniers jours (voir 2
Thessaloniciens 2 : 3, 4). Sa tactique consiste à se présenter sous le déguisement
qui convient le mieux à ses desseins ; mais sous les dehors variés du caméléon,
elle conserve toujours le venin du serpent. “ On n’est pas tenu de garder la
foi jurée à des hérétiques ou à des suspects d’hérésie ” (Lenfant, History
of Council of Constance, vol. I, p, 516 - éd. de 1728), dit-elle. Son
histoire millénaire, est écrite avec le sang des saints : comment la reconnaître
comme un membre de la famille chrétienne ?
Ce n’est pas sans raison
que l’on a affirmé dans les pays protestants que le catholicisme diffère
moins du protestantisme que par le passé. Il y a eu un changement, mais ce
n’est pas le fait de la papauté. Le catholicisme ressemble, en effet,
beaucoup au protestantisme actuel ; mais c’est parce que celui-ci s’est écarté
de ses origines.
Dans la mesure où les églises
protestantes ont recherché la faveur du monde, elles ont été aveuglées par
une fausse charité. Pourquoi, disent-elles, le bien ne sortirait-il pas
du mal ? Finalement, elles en viennent à attendre du mal de tout ce qui est
bien. Au lieu de se lever pour la défense de la vérité “ transmise aux
saints une fois pour toutes ” , elles s’excusent auprès de Rome de
l’opinion défavorable qu’elles ont eue d’elle, et lui
demandent pardon de leur bigoterie.
Beaucoup, même parmi ceux
qui n’ont pas de Rome une opinion favorable, redoutent peu sa puissance et son
influence. Plusieurs affirment que les ténèbres intellectuelles et morales du
Moyen Age favorisaient ses dogmes, ses superstitions et son oppression, mais que
les lumières supérieures des Temps Modernes, telles la diffusion générale
des connaissances et la largeur de nos vues en matière religieuse, bannissent
le danger d’un réveil de l’intolérance et de la tyrannie. On se rit de
l’idée que le retour d’un tel état de choses soit possible. Il est vrai
que notre génération est favorisée de grandes lumières intellectuelles,
morales et religieuses. Des pages ouvertes du Livre de Dieu, un flot de vérité
a jailli sur le monde. Mais il ne faut pas oublier que plus grande est la lumière,
plus profondes sont les ténèbres de ceux qui la rejettent ou la pervertissent.
Une étude de la Parole de
Dieu faite avec prière montrerait aux protestants la vraie nature de la papauté
et les pousserait à l’éviter avec soin ; mais beaucoup sont tellement sages
à leurs propres yeux qu’ils ne voient pas la nécessité de demander
humblement à Dieu de les conduire dans la vérité. Bien qu’ils soient fiers
de leurs lumières, ils ne connaissent ni les Ecritures, ni la puissance de
Dieu. Désireux de tranquilliser leur conscience de quelque façon, ils
cherchent à cet effet les moyens les moins spirituels et les moins humiliants.
Ils désirent trouver une méthode leur donnant la possibilité d’oublier Dieu
tout en paraissant l’honorer. Le catholicisme répond exactement à leurs
besoins. Il est, en effet, conforme aux aspirations de deux classes de gens
entre lesquelles se répartit à peu près toute l’humanité : ceux qui
veulent se sauver par leurs mérites, et ceux qui veulent se sauver dans leurs péchés.
C’est là le secret de sa puissance.
L’histoire prouve qu’un
temps d’ignorance et de ténèbres a été favorable à la papauté.
L’avenir montrera qu’un siècle de grandes lumières intellectuelles lui est
également propice. Dans les siècles passés, alors que le monde n’avait pas
accès à la Parole de Dieu, des milliers tombaient dans les pièges de Rome,
faute de voir les filets tendus sous leurs pas. De nos jours, beaucoup de gens,
éblouis par les théories d’une “ fausse science ” , ne discernent pas le
piège et y tombent aussi aisément que s’ils étaient aveugles. Dieu veut que
nous considérions nos facultés intellectuelles comme un don de notre Créateur
et que nous les mettions au service de la vérité et de la justice. Mais
lorsqu’on se livre à l’orgueil et à l’ambition et que l’on met ses théories
au-dessus de la Parole de Dieu, l’intelligence peut faire plus de mal encore
que l’ignorance. Ainsi, la fausse science de nos jours, qui sape la foi aux
Ecritures, contribuera tout autant à préparer le chemin aux succès futurs de
la papauté, avec ses cérémonies pompeuses, que les ténèbres du Moyen Age.
Dans le mouvement qui se
dessine aux Etats-Unis pour assurer l’appui de l’Etat aux institutions et
aux usages de l’Eglise, les protestants emboîtent le pas derrière les
romanistes. Il y a plus : ils ouvrent à la papauté la porte qui lui permettra
de retrouver en Amérique la suprématie qu’elle a perdue en Europe. Et ce qui
rend ce mouvement plus significatif, c’est le fait que son but principal
consiste à imposer l’observation du dimanche, institution qui émane de Rome,
et qu’elle considère comme le signe de son autorité. Le désir de se
conformer aux coutumes du monde et de vénérer des traditions humaines au lieu
des commandements de Dieu pénètre dans les églises protestantes et les pousse
à faire en faveur du dimanche ce que la papauté a fait avant elles. Ce désir
correspond à l’esprit de Rome.
Si le lecteur veut se rendre
compte des moyens qui seront mis en œuvre dans le conflit qui se prépare, il
n’a qu’à lire l’histoire des mesures employées par Rome à cet effet au
cours des siècles passés. S’il désire savoir comment papistes et
protestants traiteront ceux qui méconnaîtront leurs dogmes, qu’il
s’instruise sur la manière dont Rome a traité le sabbat de 1’Eternel et
ses défenseurs.
Des édits royaux, des décisions
de conciles généraux, des ordonnances de l’Eglise appuyées par le pouvoir séculier,
tels sont les moyens qui furent employés pour donner à une fête païenne une
place d’honneur dans le monde chrétien. La première disposition légale en
faveur du dimanche fut l’édit de Constantin. (En 321 de notre ère. Voir
Appendice.) Aux termes de cet édit,
les habitants des villes devaient se reposer “ au jour vénérable du soleil
” , tandis que les gens de la campagne pouvaient vaquer à leurs occupations
ordinaires. Bien que cet édit fût virtuellement païen, il fut promulgué par
Constantin après son adhésion au christianisme.
Estimant sans doute que le décret
impérial n’était pas suffisant pour suppléer à l’absence de tout ordre
divin, l’évêque opportuniste de Césarée, grand ami et flatteur de
l’empereur, prétendit que Jésus avait transféré le repos du sabbat au
dimanche. Eusèbe reconnaît involontairement être incapable de produire un
seul témoignage scripturaire en faveur de la nouvelle institution et signale
les auteurs réels du changement, en ajoutant : “ Tout ce qui devait se faire
le jour du sabbat, nous l’avons transféré sur le jour du Seigneur. ” (Eusèbe de
Césarée, Commentaire sur le Psume 92 -
Patralogie Migne, tome XXIII, col. 1172. Petit Montrouge, Paris 1887.)
L’argument en faveur du dimanche, quelque faible qu’il fût, servit néanmoins
à enhardir les hommes à fouler aux pieds le sabbat de l’Eternel. Tous ceux
qui désiraient pactiser avec le monde acceptèrent la fête populaire.
L’affermissement de la
papauté et l’exaltation du dimanche progressent parallèlement. Pendant
quelque temps, les gens de la campagne continuèrent à s’occuper de leurs
travaux en dehors des heures du culte, et le septième jour fut encore considéré
comme le jour du repos. Mais, graduellement, un changement se produisit. On défendit
aux magis-trats le dimanche, de prononcer aucun jugement sur des causes civiles.
Bientôt les gens de toute catégorie reçurent l’ordre de s’abstenir de
toute œuvre servile, sous peine
d’amende pour les hommes
libres, et de la flagellation pour les serviteurs. Plus tard, les dispositions
de la loi exigèrent que les riches coupables abandonnassent la moitié de leurs
biens et que, s’ils s’obstinaient à transgresser le dimanche, ils fussent réduits
en servitude. Les gens des classes inférieures étaient punis d’un exil perpétuel.
On eut aussi recours aux
miracles. On rapporte, entre autres, qu’un fermier, qui se disposait un
dimanche à aller labourer et qui nettoyait sa charrue avec un outil de fer, vit
cet outil s’attacher à sa main et y rester pendant deus anx, à sa grande
douleur et à sa grande honte. (Francis West, Historical and Practical Discourse on the Lord’s Day, p. 147.)
Plus tard, le pape ordonna
aux curés de paroisse de réprimander les transgresseurs du dimanche et de les
inviter à aller faire leurs prières à l’église sous peine des pires
calamités pour eux et leurs voisins. Un synode ecclésiastique avança
l’argument, si souvent employé depuis, même par des protestants, d’après
lequel des gens travaillant le dimanche avaient été frappés par la foudre, ce
qui prouvait que ce jour devait être le jour du repos. “ Cela montre avec évidence,
disaient les prélats, que grande doit être la colère de Dieu contre ceux qui
profanent ce jour. ” Un appel, fut ensuite adressé aux prêtres, aux rois,
aux princes et aux fidèles, les invitant à “ faire tous leurs efforts pour
que ce jour fût honoré comme il convenait et que pour le bien de la chrétienté,
il fût plus religieusement observé à l’avenir. ” (Thomas Morer, Discourse in six Dialogues on the Name, Notion and Observation of the
Lord’s Day, p. 271 - éd. de 1701.)
Les décrets des conciles ne
suffisant pas, on sollicita des autorités civiles un édit propre à jeter la
terreur dans les cœurs, et à contraindre tout le monde à suspendre ses
occupations le dimanche. Dans un synode tenu à Rome, toutes les dispositions précédentes
furent réitérées avec plus de force et de solennité, puis incorporées aux
lois ecclésiastiques, et imposées par l’autorité civile dans presque toute
l’étendue de la chrétienté. (Voir Heylyn, History of the Sabbath, IIe partie, chap. V, sect. 7.)
Néanmoins, l’absence de toute
autorité scripturaire en faveur de ce jour constituait une lacune
embarrassante. Les fidèles contestaient à leurs conducteurs le droit de
rejeter, pour honorer le jour du soleil,
cette déclaration positive de Jéhovah : “ Le septième jour est le jour du
repos de l’Eterne1, ton Dieu. ” D’autres expédients étaient nécessaires.
Vers la fin du douzième siècle, un zélé propagateur du dimanche, visitant
les églises d’Angleterre, rencontra de fidèles témoins de la vérité qui
lui résistèrent. Il eut si peu de succès dans la défense de sa thèse
qu’il quitta le pays en quête de meilleurs arguments. Ayant trouvé ce
qu’il cherchait, il revint à la charge, et fut plus heureux. Il apportait
avec lui un rouleau qu’il prétendait être descendu directement du ciel, qui
contenait le commandement ordonnant l’observation du dimanche, accompagné de
menaces terrifiantes à l’adresse des récalcitrants. Ce précieux document
— aussi faux que l’institution qu’il était destiné à établir — était,
disait-on, tombé du ciel à Jérusalem, sur l’autel de Saint-Siméon à
Golgotha.. En réalité, il provenait des officines pontificales, à Rome, où
la fraude et les faux ayant pour but la prospérité de l’Eglise ont toujours
été considérés comme légitimes.
Ledit rouleau interdisait
tout travail depuis la neuvième heure (trois heures de l’après-midi), le
samedi, jusqu’au lundi au lever du soleil. Son autorité était, disait-on,
attestée par plusieurs miracles. On racontait que des personnes travaillant après
les heures prescrites avaient été frappées de paralysie. Un meunier qui
faisait moudre son grain avait vu sortir, au lieu de farine, un torrent de sang,
et la roue du moulin s’était arrêtée malgré la formidable pression de
l’eau. Une femme qui avait mis sa pâte au four la ressortit sans qu’elle fût
cuite, bien que le four fût très chaud. Une autre femme, qui était sur le
point d’enfourner son pain le samedi à la neuvième heure et qui avait décidé
d’attendre jusqu’au lundi, le trouva, le lendemain, cuit à point par la
puissance divine. Un homme qui avait fait cuire du pain après la neuvième
heure le samedi, eut la surprise, quand il le coupa le matin suivant, d’en
voir sortir un flot de sang. C’est par des inventions et des absurdités de ce
genre que les partisans du dimanche s’évertuaient à lui attribuer un caractère
sacré. (Voir Roger de Hoveden, Annals,
vol.II, p. 528-530 - éd. Bohn.)
En Ecosse et en Angleterre,
on finit par obtenir une grande vénération pour le dimanche en lui adjoignant
une partie de l’ancien sabbat. Mais la durée du temps à sanctifier variait.
Un édit du roi d’Ecosse déclarait qu’il fallait considérer comme saint le
samedi depuis midi, et que, “ dès cette heure jusqu’au lundi matin,
personne ne devait s’occuper d’affaires séculières. ” ( Morer, Dialogues
on the Lord’s Day, p. 290, 291.)
En dépit de tous les efforts
faits en vue d’établir la sainteté du dimanche, des papistes eux-mêmes
reconnaissaient publiquement la divine autorité du sabbat et l’origine
humaine de l’institution qui l’avait supplanté. Une décision papale du
seizième siècle déclare expressément : “ Tous les chrétiens doivent se
souvenir que le septième jour, consacré par Dieu, fut reconnu et observé non
seulement par les Juifs, mais aussi par tous les autres prétendus adorateurs de
Dieu. Quant à nous, chrétiens, nous avons changé leur sabbat et lui avons
substitué le jour du Seigneur. ” (Id.,p.
281, 282.) Ceux qui frelataient
ainsi la loi de Dieu et se mettaient délibérément au-dessus de son Auteur,
n’ignoraient pas la gravité de leur acte.
On trouve un exemple frappant
de la tactique de Rome à l’égard des insoumis dans la longue et sanglante
persécution dirigée contre les Vaudois, dont quelques-uns étaient
observateurs du sabbat. D’autres endurèrent également des souffrances pour
leur fidélité au quatrième commandement. L’histoire des églises
d’Ethiopie est caractéristique. Au sein des ténèbres du Moyen Age, perdus
de vue par le monde, ces chrétiens de l’Afrique centrale avaient joui, des siècles
durant, de la liberté de servir Dieu selon leur foi. Mais Rome finit par les découvrir,
et l’empereur d’ Abyssinie, circonvenu, ne tarda pas à reconnaître le pape
comme vicaire de Jésus-Christ. D’autres concessions suivirent.
Les chrétiens
d’Ethiopie furent contraints, par un édit, d’abandonner le sabbat sous les
peines les plus sévères. (Voir Church
History of Ethiopia, p. 311, 312.) Mais
la domination papale devint bientôt si insupportable que les Abyssins résolurent
de la secouer. Après une lutte acharnée, les romanistes furent bannis de
l’empire, et l’ancienne foi fut rétablie. Dès qu’elles eurent retrouvé
leur indépendance, les églises africaines retournèrent à l’observation du
sabbat du quatrième commandement. (Voir Appendice.)
Heureuses d’avoir recouvré leur liberté, elles n’oublièrent jamais
l’expérience qu’elles avaient faite de la fraude, du fanatisme et du
despotisme de la puissance romaine. Elles ne demandaient pas mieux, dans leur
royaume solitaire, que de rester ignorées du reste de la chrétienté.
Ces récits du passé révèlent
clairement l’inimitié de Rome à l’égard du vrai sabbat et de ses défenseurs,
et les moyens qu’elle emploie pour honorer l’institution qu’elle a créée.
La Parole de Dieu nous enseigne que ces scènes se répéteront lorsque
catholiques romains et protestants s’allieront pour exalter le dimanche.
La prophétie du treizième
chapitre de l’Apocalypse déclare que l’autorité représentée par la bête
aux cornes d’agneau obligera “ la terre et ses habitants ” à adorer la
puissance du pape, symbolisée ici par la bête “ semblable à un léopard ”
. La bête à deux cornes doit aussi ordonner “ aux habitants de la terre de
faire une image à la [première] bête ” . Elle ira même jusqu’à entraîner
tous les hommes, “ petits et
grands, riches et pauvres, libres et esclaves ” , à prendre “ la marque de
la bête ” (Apocalypse 13 : 11-16). On a vu que la bête aux cornes d’agneau
symbolise les Etats-Unis, et que cette prophétie sera accomplie quand ce pays
imposera l’observation du dimanche, réclamée par Rome comme la marque de sa
suprématie. Mais les Etats-Unis ne seront pas seuls à rendre cet hommage à la
papauté. L’influence de cette dernière est loin d’avoir entièrement
disparu des pays ou elle exerçait autrefois son autorité. Et la prophétie
annonce la restauration de son pouvoir. “ Je vis l’une de ses têtes comme
blessée à mort; mais sa blessure mortelle fut guérie. Et toute la terre était
dans l’admiration derrière la bête. (Apaocalypse 13 : 3.)
La blessure mortelle désigne la chute du pouvoir papal en 1798. Mais,
dit le prophète, “ sa blessure mortelle fut guérie. Et toute la terre était
dans l’admiration derrière la bête. ” Paul dit positivement que l’homme
de péché subsistera jusqu’au retour du Seigneur (2 Thessaloniciens 2 : 8).
Il persistera dans son œuvre de séduction jusqu’à la fin des temps. Le
voyant ajoute, en effet : “ Tous les habitants de la terre l’adoreront, ceux
dont le nom n’a pas été écrit ... dans le livre de vie. (Apocalypse 13 :
8.) Dans l’Ancien comme dans le
Nouveau Monde, l’observation du dimanche, qui repose uniquement sur
l’autorité de 1’Eglise romaine, constituera un hommage rendu au pape.
Depuis plus d’un demi-siècle,
ceux qui, aux Etats-Unis, s’adonnent à l’étude de la prophétie, présentent
au monde ce témoignage. Les événements qui se déroulent sous nos yeux
accomplissent rapidement cette prophétie. Dans les pays protestants, les
conducteurs religieux affirment la divine origine du dimanche sans plus de
preuves que les chefs de la hiérarchie romaine quand ils imaginaient de prétendus
miracles pour remplacer le commandement de Dieu. On entendra répéter — on
commence déjà à le faire — que les jugements de Dieu frappent les hommes
qui violent le dimanche. Le mouvement qui vise à imposer l’observation du
dimanche par la loi s’étend rapidement.
L’habileté et la subtilité
de l’Eglise de Rome tiennent du prodige. Elle a le don de lire l’avenir. En
voyant les églises protestantes lui rendre hommage en acceptant son jour de
repos et se préparer à l’imposer par les moyens dont elle a usé elle-même
il y a des siècles, elle peut tranquillement attendre son heure. On verra des
gens qui rejettent la lumière de la vérité s’adresser à cette puissance
soi-disant infaillible pour soutenir une institution qu’elle a elle-même établie.
Il est facile de concevoir l’empressement avec
lequel, à cet égard, elle donnera son concours aux protestants. Qui,
mieux que les chefs de la hiérarchie, sait comment traiter ceux qui sont
rebelles aux décrets de l’Eglise ?
Avec ses ramifications
enveloppant toute la terre, 1’Eglise catholique romaine forme une vaste
organisation destinée à servir les intérêts du siège pontifical qui en a la
direction suprême. Dans tous les pays du globe, ses millions de communiants reçoivent
l’ordre de se considérer comme devant obéissance au pape. Quels que soient
leur nationalité ou le gouvernement dont ils relèvent, l’autorité du pape
doit, pour eux, primer toutes les autres. Ils
peuvent prêter serment de fidélité à l’Etat, mais en cas de conflit, leur
serment à l’égard de Rome les dispense de tout engagement.
L’histoire raconte avec
quelle persévérance la papauté a cherché à s’ingérer dans les affaires
des nations, et comment, une fois dans la place, elle s’y est occupée de ses
intérêts, sans se laisser arrêter par la ruine des princes et des peuples. En
l’an 1204, le pape Innocent III obtint de Pierre II, roi d’Aragon, le
serment extraordinaire que voici : “ Moi, Pierre, roi d’Aragon, je promets
d’être toujours fidèle et obéissant à mon seigneur, le pape Innocent, à
ses successeurs catholiques et à 1’Eglise romaine, ainsi que de veiller à ce
que mon royaume lui demeure soumis. Je soutiendrai la foi catholique et persécuterai
la peste de l’hérésie. ” ( J. Dowling, History of Romanism, liv. V, chap. VI, sect. 55.)
Cet engagement est conforme aux prétentions du pontife romain, notamment
en ce qui concerne le droit de “ déposer les empereurs ” et de “ délier
les sujets de leur serment de fidélité envers des souverains injustes. ”
(Mosheim, Ecclesiastical History, liv.
III, XIe siécle, 2e par., chap.
II, sect. 9, note 8. Voir aussi Appendice.)
Il est bon de se souvenir que
Rome se glorifie de ne jamais changer. Les principes de Grégoire VII et
d’Innocent III sont encore aujourd’hui ceux de l’Eglise. Si elle en
La Parole de Dieu nous met en
garde contre l’imminence de ce danger. Si le monde protestant fait la sourde
oreille à cet avertissement, il ne tardera pas à savoir quelles sont les visées
de la papauté; mais alors il sera trop tard, hélas ! pour échapper au piège.
L’Eglise romaine monte silencieusement vers le pouvoir. Ses doctrines font
leur chemin dans les chambres législatives, dans les églises et dans les cœurs.
Elle érige les constructions massives et altières de ses édifices, dont les
caveaux souterrains verront renaître le cours de ses persécutions.
Sournoisement, mystérieusement, elle prépare ses armes pour frapper quand le
moment sera venu. Tout ce qu’elle désire, ce sont des occasions favorables,
et déjà on lui en offre. Nous verrons et nous sentirons bientôt quelles sont
les fins de la curie romaine. Quiconque croira et obéira à la Parole de Dieu encourra de ce chef l’opprobre et la persécution.