Je
regardais, dit le prophète, pendant que l’on plaçait des trônes. Et
l’ancien des jours s’assit.
Son vêtement était blanc comme la neige, et les cheveux de sa tête étaient
comme de la laine pure ; son trône était comme des flammes de feu, et les
roues comme un feu ardent. Un fleuve de feu coulait et sortait de devant lui.
Mille milliers le servaient, et dix mille millions se tenaient en sa présence.
Les juges s’assirent, et les livres furent ouverts.” (Daniel 7 : 9, 10. Voir
Appendice, note sur la Purification du Tabernacle céleste.)
C’est
ainsi que fut présenté au prophète le grandiose et redoutable tribunal devant
lequel la conduite de tous les hommes sera passée en revue en présence du Juge
de toute la terre, et où chacun sera “ jugé selon ses œuvres ”
. L’ancien des jours, c’est Dieu le Père. “ Avant que les
montagnes fussent nées, dit le psalmiste, et que tu eusses créé la terre et
le monde, d’éternité en éternité tu es Dieu. ” (Psaume 90 : 2.)
Ce Dieu, source de toute vie et origine de toute loi, préside au
jugement. Mille milliers et dix mille millions d’anges y assistent, en qualité
d’assesseurs et de témoins.
“ Je regardais pendant mes
visions nocturnes, et voici, sur les nuées des cieux arriva quelqu’un de
semblable à un fils de l’homme ; il s’avança vers l’ancien des jours, et
on le fit approcher de lui. On lui donna la domination, la gloire et le règne ;
et tous les peuples, les nations, et les hommes de toutes langues le servirent.
Sa domination est une domination éternelle qui ne passera point, et son règne
ne sera jamais détruit. ” ( Daniel 7 : 13,14.) Cette “ arrivée ” du
Seigneur n’est pas sa seconde venue sur la terre. Il s’approche de
l’ancien des jours pour recevoir de lui la domination, la gloire et la royauté
dont il sera investi à la fin de son œuvre de médiateur, œuvre qui devait
commencer en 1844, à la fin des deux mille trois cents soirs et matins.
Accompagné des anges célestes, notre souverain sacrificateur pénètre alors
dans le lieu très saint pour y entreprendre, en la présence de Dieu, la dernière
phase de son ministère en faveur de l’homme : l’instruction du jugement et
l’achèvement de l’expiation pour tous ceux qui en seront jugés dignes.
Dans
le rituel typique, ceux-là seuls qui s’étaient confessés, et dont les péchés
avaient été transférds dans le sanctuaire par le sang des victimes, bénéficiaient
des bienfaits du jour des expiations. De même, au grand jour de l’expiation définitive
et de l’instruction du jugement, les seuls cas pris en considération sont
ceux des croyants. Le jugement des réprouvés est un événement tout à fait
distinct, qui aura lieu par la suite. “ Le jugement va commencer par la maison
de Dieu. Or, si c’est par nous qu’il commence, quelle sera la fin de ceux
qui n’obéissent pas à 1’Evangile de Dieu
? ” (1 Pierre 4 : 17.)
Les
registres du ciel sur lesquels les noms et les actions des hommes sont inscrits
serviront de base au jugement. Daniel dit : “ Les juges s’assirent, et les
livres furent ouverts. ” Le voyant de Patmos, décrivant la même scène,
ajoute : “ Et un autre livre fut ouvert, celui qui est le livre de vie. Et les
morts furent jugés selon leurs œuvres, d’après ce qui était écrit dans
ces livres. ” (Apocalpse 20 : 12.)
Le
livre de vie renferme les noms de tous ceux qui sont entrés au service de Dieu.
Jésus disait à ses disciples : “ Réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits
dans les cieux.” (Luc 10 : 20.)
Paul parle de ses fidèles collaborateurs “ dont les noms sont dans le
livre de vie ” . (Philipiens 4 : 3.) Considérant “ une époque de détresse,
telle qu’il n’y en a point eu depuis que les nations existent jusqu’à
cette époque ” , le prophète Daniel dit que le peuple de Dieu y échappera,
tous “ ceux.… qui seront trouvés inscrits dans le livre ” . Et le voyant
de Patmos déclare que seuls pourront entrer dans la cité de Dieu ceux “ qui
sont écrits dans le livre de vie de l’agneau ” (Daniel 12 : 1 ; Apocalypse
21 : 27).
“
Un livre de souvenir fut écrit devant lui, dit Malachie, pour ceux qui
craignent 1’Eternel et qui honorent son nom . ” (Malachie 3 : 16.)
Leurs paroles de foi, leurs actes de bonté, tout est enregistré dans le
ciel. Néhémie fait allusion à cela quand il dit :
Il
y a aussi un registre des péchés. “ Dieu amènera toute œuvre en jugement,
au sujet de tout ce qui est caché, soit bien, soit mal.”
“ Au jour du jugement, les hommes rendront compte de toute parole vaine
qu’ils auront proférée car par tes paroles tu seras justifié, et par tes
paroles tu seras condamné. ”
(Ecclesiaste 12 : 16 ; Matthieu 12 : 36, 37.)
Les intentions secrètes, les mobiles inavoués figurent dans
l’infaillible mémorial ; car le Seigneur “ mettra en lumière ce qui est
caché dans les ténèbres, et manifestera les desseins des cœurs ” . “
Voici, cela est inscrit devant moi, dit 1’Eternel ; ... vos iniquités et les
iniquités de vos pères. ” (1Corinthiens 4 : 5 ; Esaïe 65 : 6, 7, version de
Lausanne.)
Toute
œuvre humaine passe en revue devant Dieu pour être classée comme acte de fidélité
ou d’infidélité. En face de chaque nom, dans les registres du ciel, sont
couchés avec une redoutable exactitude toute parole mauvaise, tout acte égoïste,
tout devoir négligé, tout péché secret, toute dissimulation. Les
avertissements du ciel oubliés, les moments perdus, les occasions non utilisées,
les influences exercées, bonnes ou mauvaises, avec leurs résultats les plus éloignés:
tout est fidèlement inscrit par l’ange enregistreur. La loi de Dieu est la
norme par laquelle les caractères et les vies seront éprouvés au jour du
jugement. “ Crains Dieu et observe ses commandements, dit le Sage. C’est là
ce que doit tout homme. Car Dieu amènera toute œuvre en jugement, au sujet de
tout ce qui est caché, soit bien, soit mal. ” (Eccléssiaste 12 : 15,16.)
“ Parlez et agissez comme devant être jugés par une loi de liberté
” , dit à son tour l’apôtre Jacques (Jacques 2 : 12.)
Ceux que les juges déclareront
“ dignes ” auront part à la résurrection des justes. Jésus dit en effet
que “ ceux qui seront trouvés dignes d’avoir part au siècle à venir et à
la résurrection des morts, ... seront semblables aux anges, et ils seront fils
de Dieu, étant fils de la résurrection. ” (Luc 20 : 35, 36.) II
dit encore que “ ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie ”
(Jean 5 : 29). Les justes morts ne devant ressusciter qu’après avoir été jugés dignes de la résurrection pour la vie, il s’ensuit
qu’ils ne comparaîtront pas personnellement devant le tribunal qui statuera
sur leur cas.
Jésus
sera leur avocat et plaidera leur cause devant Dieu. “ Si quelqu’un a péché,
nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ le juste. ” (1 Jean 2 :
1.) Car il n’est pas “ entré dans un sanctuaire fait de main d’homme, en
imitation du véritable, mais il est entré dans le ciel même, afin de comparaître
maintenant pour nous devant la face de Dieu ” . “ C’est aussi pour cela
qu’il peut sauver parfaitement ceux qui s’approchent de Dieu par lui, étant
toujours vivant pour intercéder en leur faveur. ” (Hébreux 9 : 24 ; 7 : 25.)
La
vie de tous ceux qui ont cru en Jésus est examinée devant Dieu dans l’ordre
où ils sont inscrits. Commençant par les premiers habitants de la terre, notre
avocat présente les cas des croyants de chaque génération successive, et
termine par ceux des vivants. Chaque nom est mentionné, chaque cas est pesé
avec le plus grand soin. Des noms sont acceptés, d’autres sont rejetés.
Quand un dossier indique des péchés non confessés et non pardonnés, le nom
est radié du livre de vie, et l’inscription des bonnes actions est effacée
du livre de mémoire. Le Seigneur disait à Moïse : “ C’est celui qui a péché
contre moi que j’effacerai de mon livre. ” (Exode 32 : 33.) Et au prophète
Ezéchiel : “ Si le juste se détourne de sa justice, s’il commet
l’iniquité, ... on ne lui tiendra compte d’aucun des actes de justice
qu’il aura accomplis. ” (Ezéchiel 18 : 24, version Synodale.)
Tous
ceux qui se sont réellement repentis de leurs péchés et se sont, par la foi,
réclamés du sang de Jésus-Christ comme sacrifice expiatoire ont eu leur
pardon consigné dans les livres. Si leur vie a répondu aux exigences de la
loi, leurs péchés sont effacés, et ils sont jugés dignes de la vie éternelle.
Le Seigneur dit par le prophète Esaïe : “ C’est moi, moi qui efface tes
transgressions pour l’amour de moi, et je ne me souviendrai plus de tes péchés.
” (Esaïe 43 : 25.)
Jésus déclare : “ Celui qui vaincra sera revêtu ainsi de vêtements
blancs ; je n’effacerai point son nom du livre de vie, et je confesserai son
nom devant mon Père et devant ses anges. ” “ Quiconque me confessera devant
les hommes, je le confesserai aussi devant mon Père qui est dans les cieux ;
mais quiconque me reniera devant les hommes, je le renierai aussi devant mon Père
qui est dans les cieux. ” (Apocalypse 3 : 5 ; Matthieu 10 : 32, 33.)
L’émotion
intense avec laquelle les hommes attendent les décisions d’un tribunal
terrestre ne peut donner qu’une faible idée de l’intérêt avec lequel est
suivi, dans les cours célestes, l’appel des noms écrits dans le livre de vie
sous le regard scrutateur du Juge de toute la terre. On y entend le divin
intercesseur demander que tous ceux qui ont vaincu par la foi en son sang reçoivent
le pardon de leurs transgressions, que la demeure édénique leur soit rendue,
et qu’ils soient couronnés en qualité de cohéritiers de “ l’an-cienne
domination ” ( Michée 4 : 8).
En entraînant la famille humaine dans le mal, Satan avait cru pouvoir déjouer
le dessein en vue duquel Dieu avait, créé l’homme. Mais le Sauveur demande
maintenant que ce plan soit mis à exécution comme si l’homme
Pendant
que Jésus plaide pour les objets de sa grâce, Satan les accuse devant Dieu
comme transgresseurs. Le grand séducteur s’est efforcé de leur inoculer le
doute et la défiance à l’égard de Dieu, de les séparer de son amour et de
les pousser à transgresser sa loi. Mais maintenant il souligne, dans le dossier
de leur vie, leurs défauts, leur Disemblance d’avec Jésus — ces
imperfections qui ont déshonoré leur Rédempteur — en un mot, tous les péchés
dans lesquels il les a entraînés, et, en raison de ces ,faits, il les
Jésus
n’excuse pas leurs péchés ; mais, en vertu de leur repentir et de leur foi,
il demande leur pardon. Il lève devant le Père et ses saints anges ses mains
percées et il dit : Je les connais par leur nom. Je les ai gravés sur les
paumes de mes mains. “ Les sacrifices qui sont agréables à Dieu, c’est un
esprit brisé : O Dieu ! tu ne dédaignes pas un cœur brisé et contrit. ”
(Psaume 51 :19.) Se tournant alors vers l’accusateur de son peuple, il lui dit
: “
Que 1’Eternel te réprime, lui qui a choisi Jérusalem ! N’est-ce pas là un
tison arraché du feu ? ” (Zacharie 3 ; 2.)
Et, enveloppant ses fidèles de sa justice, le Sauveur présente à son Père
une “ Eglise glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte
et irrépréhensible
” (Ephésiens 5 : 27). Leurs noms sont maintenus dans le livre de vie,
et le Seigneur déclare : “ Ils marcheront avec moi en vêtements blancs,
parce qu’ils en sont dignes. ” (Apocalypse 3 : 4.)
Ainsi
s’accomplira cette promesse de la nouvelle alliance : “ Je pardonnerai leur
iniquité, et je ne me souviendrai plus de leur péché. ” “ En ces jours,
en ce temps-là, dit l’Eterne1, on cherchera l’iniquité d’Israël, et
elle n’existera plus ; le péché de Juda, et il ne se trouvera plus. ” (Jérémie
31: 34 ; 50 : 20.) “
En ce temps-là, le germe de 1’Eternel aura de la magnificence et de la
gloire, et le fruit du pays aura de l’éclat et de la beauté pour les réchappés
d’Israël. Et les restes de Sion, les restes de Jérusalem, seront appelés
saints, quiconque à Jérusalem sera inscrit parmi les vivants. ” (Esaïe 4 :
2, 3.)
L’instruction
du jugement et l’effacement des péchés auront lieu avant le retour du
Seigneur. Puisque les morts doivent être jugés d’après ce qui est écrit
dans les livres, leurs péchés ne peuvent pas être effacés avant que leurs
cas aient été examinés. L’apôtre Pierre déclare que les péchés des
croyants seront effacés avant que
“ des temps de rafraîchissement viennent de la part du Seigneur, et
qu’il envoie celui qui vous a été destiné, Jésus-Christ ” (Actes 3 : 19,
20). L’instruction du jugement terminée, le Seigneur viendra, “ et sa récompense
sera avec lui pour rendre à chacun selon ses œuvres ” .
Comme,
dans les rites symboliques, le souverain sacrificateur sortait du sanctuaire
pour bénir la congrégation, après avoir fait l’expiation pour Israël, de même,
au terme de son sacerdoce, Jésus “ apparaîtra sans péché une seconde fois
à ceux qui l’attendent pour leur salut ” (Hébreux 9 : 28) et leur donnera
la vie éternelle. Le sacrificateur, en éliminant les péchés du sanctuaire,
les confessait sur la tête du bouc émissaire ; Jésus placera, pareillement,
tous ces péchés sur la tête de Satan, qui en est l’auteur et
l’instigateur. Le bouc émissaire, chargé des péchés d’Israël, était
envoyé “ dans le désert
” (Lévitique 16 : 22) ; ainsi, Satan, chargé de tous les péchés
dans lesquels il a fait tomber le peuple de Dieu, sera condamné à errer mille
ans sur une terre désolée et privée de ses habitants. Il portera enfin la
peine intégrale du péché dans le lac de feu, où il sera consumé avec les
perdus. Le grand plan de la rédemption se consommera ainsi par l’extirpation
définitive du péché et par la délivrance de tous ceux qui ont accepté de se
séparer du mal.
L’instruction
du jugement et l’effacement des péchés ont commencé exactement au temps fixé,
à la fin des deux mille trois cents jours, en 1844. Tous ceux qui se sont une
fois réclamés du nom de chrétiens doivent subir cet examen minutieux. Les
vivants et les morts sont alors “ jugés selon leurs œuvres, d’après ce
qui est écrit dans ces livres ” . (Apocalypse 20 : 12.)
Au
jour de Dieu, les péchés dont on ne s’est pas repenti et qu’on n’a pas délaissés
ne seront ni, pardonnés ni effacés et s’élèveront en témoignage contre le
violateur. Qu’on ait péché à la lumière du jour ou dans les ténèbres,
tout est découvert aux yeux de celui à qui nous devons rendre compte. Les
anges de Dieu, témoins de chacune de nos fautes, les ont infailliblement
enregistrées. On peut les nier, les cacher à son père, à sa mère, à sa
femme, à ses enfants et à ses amis ; le coupable peut être le seul à connaître
ses torts, mais
ils sont mis à nu devant les esprits célestes. Les ténèbres de la plus
sombre nuit, le mystère le plus impénétrable, la duplicité la plus consommée
ne réussissent pas à dissi-muler aux yeux de 1’Eternel une seule de nos pensées.
Dieu tient un compte exact de tous les actes faux, de tous les procédés
injustes. Il ne se laisse pas tromper par des apparences de piété. Il ne
commet point d’erreur dans l’appréciation des caractères. Un homme
corrompu peut tromper ses semblables, mais Dieu déchire tous les voiles
et lit les secrets des cœurs.
Combien
solennelle est la pensée que, jour après jour, tout ce que nous pensons,
disons ou faisons est porté sur les registres du ciel ! Une parole prononcée,
un acte commis ne peuvent plus être retirés. Les anges ont enregistré le bien
et le mal. Le plus puissant conquérant de la terre ne peut arracher de ces
registres la page d’une seule de ses journées. Nos actions, nos paroles, nos
intentions les plus secrètes même contribueront à déterminer notre destinée
heureuse ou malheureuse. On peut les oublier, mais elles n’en déposeront pas
moins soit pour notre justification, soit pour notre condamnation.
Le
caractère de chacun est reproduit sur les livres du ciel avec la même
exactitude que les traits du visage sur le cliché du photographe. Et pourtant,
combien peu on se soucie de ces inscriptions qui paraîtront sous les yeux des
êtres célestes ! Si le voile qui sépare le monde visible du monde invisible
se levait soudain, nous permettant de voir un ange enregistrer fidèlement
chacune des paroles et des actions dont nous serons appelés à rendre compte au
jour du jugement, combien de paroles seraient retenues, et combien d’actions
ne seraient jamais commises !
Au
jour du jugement, l’usage que nous aurons fait de toutes nos facultés sera
examiné avec le plus grand soin. Quel emploi faisons-nous du capital que le
ciel nous a prêté ? Le Seigneur le retrouvera-t-il avec les intérêts ?
Avons-nous cultivé et utilisé à la gloire de Dieu et pour le relévement de
l’humanité les talents manuels, affectifs et intellectuels qui nous ont été
confiés ? Comment avons-nous usé de notre temps, de notre plume, de notre
parole, de notre argent, de notre influence ? Qu’avons-nous fait pour le
Sauveur dans la personne des pauvres, des affligés, des orphelins et des veuves
? Dieu nous a constitués dépositaires de sa sainte Parole : quel usage
avons-nous fait de la lumière de la vérité destinée à rendre les hommes
sages à salut ? Une simple profession de foi en Jésus-Christ est sans valeur ;
seul l’amour qui se traduit en actes est considéré comme authentique. Aux
yeux des êtres célestes l’amour seul donne de la valeur à nos actions. Tout
acte accompli par amour, si insignifiant qu’il soit aux yeux des hommes, est
accepté et récompensé par Dieu.
Sur
les registres du ciel, l’égoïsme secret du cœur humain est mis en pleine
lumière. On y trouve la liste des devoirs non accomplis tant envers nos
semblables qu’envers le Sauveur. On y voit combien d’heures, de pensées et
de forces qui appartenaient à Dieu ont été données à Satan. C’est une
lamentable documentation que les anges accumulent. Des êtres intelligents, de
soi-disant disciples du Christ, se laissent absorber par l’acquisition de
biens terrestres ou par le plaisir. L’argent, le temps, les forces vont au
luxe ou à la concupiscence, tandis que de rares moments sont consacrés à la
priere, à l’étude
des Ecritures, à l’humiliation et à la confession des péchés.
Satan
invente d’innombrables prétextes pour occuper notre attention ailleurs
qu’aux objets qui devraient le plus nous absorber. Le grand séducteur hait
les glorieuses vérités qui metteut en évidence un sacrifice expiatoire et un
tout-puissant Médiateur. Il sait qu’il ne réussira dans ses entreprises
qu’en détournant les esprits loin de Jésus et de sa vérité.
Ceux
qui veulent se mettre au bénéfice de la médiation du Sauveur ne doivent pas
se laisser détourner par quoi que ce soit du devoir de travailler à leur
sanctification dans la crainte de Dieu. Les heures précieuses gaspillées dans
le plaisir, le faste et l’amour de
Ceux
qui ont reçu la lumière doivent rendre témoignage des grandes vérités que
Dieu leur a confiées. Le sanctuaire céleste est le centre même de l’œuvre
de Dieu en faveur des hommes. Il intéresse tous les habitants de la terre. Il
nous expose le plan de la
rédemption, nous amène à la fin des temps et nous révèle l’issue
triomphante du conflit entre la justice et le péché. Il est donc important que
chacun l’étudie à fond et soit en état de rendre raison de l’espérance
qui est en lui.
L’intercession
du Sauveur en faveur de l’homme dans le sanctuaire céleste est tout aussi
importante dans le plan du salut que sa mort sur la croix. Depuis sa résurrection,
Jésus achève dans le ciel l’œuvre commencée par lui sur la croix. Nous
devons par la foi aller auprès de lui au-delà du voile où il a est entré
pour nous comme précurseur ” (Hébreux 6 : 20). Là se reflète la lumière
du Calvaire. Là nous acquérons une plus claire intelligence du mystère de la
rédemption. Nous comprenons que c’est à un prix infini que le ciel a opéré
le salut de l’homme et que le sacrifice consenti est à la hauteur des plus
dures exigences de la loi transgressée. Jésus nous a frayé la voie qui mène
au trône au Père ; désormais, grâce à sa médiation, tout désir sincère
exprimé par ceux qui vont à lui par la foi peut être présenté devant Dieu.
“
Celui qui cache ses transgressions ne prospère point, mais celui qui les avoue
et les délaisse obtient miséricorde. ”
(Proverbes 28 : 13.)
Satan cherche constamment à dominer sur nous par nos défauts, sachant
bien que si nous les caressons, il finira par
Nous
vivons à l’époque du grand jour des expiations. Dans le culte mosaïque,
pendant que le souverain sacrificateur faisait l’expiation pour Israël,
chacun devait se repentir de ses péchés et s’humilier devant le Seigneur,
sous peine d’être retranché de son peuple. Maintenant, de même, pendant les
quelques jours de grâce qui restent encore, tous ceux qui veulent que leur nom
soit maintenu dans le livre de vie doivent affliger leur âme devant Dieu,
ressentir une véritable douleur de leurs péchés et faire preuve d’une sincère
conversion. Un sérieux retour sur soi-même est nécessaire. Il faut, chez un
bon nombre de ceux qui se disent disciples du Christ, que la légèreté et la
frivolité disparaissent. Au prix d’une guerre sérieuse, on parviendra à
vaincre ses tendances mauvaises et à remporter la victoire, car cette œuvre de
préparation est une affaire individuelle. Nous ne sommes pas sauvés par
groupe. La pureté et la consécration de l’un ne sauraient compenser le défaut
de ces qualités chez un autre. Quoique toutes les nations doivent passer en
jugement, Dieu examinera le cas de chaque individu avec autant de soin que si
celui-ci était seul sur la terre.
Solennelles
sont les scènes qui marquent l’achèvement de l’expiation. Cette œuvre
comporte des intérêts d’une valeur infinie. Le tribunal suprême siège
maintenant depuis plusieurs années. Bientôt, nul ne sait quand, les dossiers
des vivants y seront examinés. Bientôt, notre vie passera sous le redoutable
regard de Dieu. Il convient donc plus que jamais de prendre garde à cette
exhortation du Sauveur : “ Prenez garde, veillez et priez ; car vous ne savez
quand ce temps viendra.” (Marc 13 : 33.)
“ Si tu ne veilles pas, je viendrai comme un voleur, et tu ne sauras
pas à quelle heure je viendrai sur toi. ” (Apocalypse 3 : 3.)
Lorsque
l’instruction au jugement sera terminée, la destinée de chacun sera décidée
soit pour la vie, soit pour la mort. Le temps de grâce prendra fin un peu avant
l’apparition de notre Seigneur sur les nuées du ciel. Dans une allusion à ce
temps-là, il nous est dit dans 1’Apocalvpse : “ Que celui qui est injuste
soit encore injuste, que celui qui est souillé se souille encore ; et que le
juste pratique encore la justice, et que celui qui est saint se sanctifie
encore. Voici, je viens bientôt, et ma rétribution est avec moi, pour
Justes
et méchants seront encore sur la terre dans leur état mortel. Dans
l’ignorance des décisions finales et irrévocables qui auront été prises
dans le sanctuaire céleste, on plantera, on bâtira, on mangera et on boira.
Avant le déluge, dès que Noé fut entré dans l’arche, Dieu l’y enferma,
excluant toute possibilité pour les impies d’y pénétrer. Sept jours durant,
ne se doutant pas que leur sort était définitivement scellé, ils continuèrent,
imperturbables, à s’adonner au plaisir et à se moquer de l’idée d’une
catastrophe immi-nente. “ Il en sera de même, dit le Sauveur, à 1’avènement
du Fils de l’ homme . ” (Matthieu 24 : 39.)
C’est silencieuse, inattendue et inaperçue, comme le voleur dans la
nuit, que viendra l’heure décisive scellant la destinée de tout homme,
l’heure où l’offre de la miséricorde sera retirée aux coupables.
“
Veillez donc. … Craignez qu’il ne vous trouve endormis ! ” ( Marc 13 : 35,
36.) Périlleuse
est la condition de ceux qui, se lassant de veiller, se tournent vers le monde.
Pendant que le négociant se laisse absorber par le gain, que l’amateur du
plaisir suit ses inclinations, que l’esclave de la mode pense à ses atours,
à ce moment même, le Juge de toute 1a terre prononce peut-être cette sentence
: Tu as été
pesé dans la balance, et tu as été trouvé léger. ” (Daniel 5 : 27.)