“ Et le
temple de Dieu dans le ciel fut ouvert, et l’arche de son alliance apparut
dans son temple. ” (Apocalypse 11 : 19.)
L’arche de l’alliance se trouve dans le saint des saints, la seconde
pièce du sanctuaire. Dans le ritualisme du sanctuaire terrestre, qui était
l’image et l’ombre des choses célestes, cette pièce ne s’ouvrait qu’au
grand jour des expiations, pour la purification du sanctuaire. La déclaration
concernant l’ouverture du temple de Dieu et la mise en évidence de l’arche
de son alliance se rapporte donc à l’ouverture au lieu très saint du
sanctuaire céleste en 1844, lorsque Jésus-Christ y entra pour achever son œuvre
expiatoire. Ceux qui, par la foi, avaient suivi leur souverain sacrificateur
dans le lieu très saint y découvrirent l’arche de son alliance. En étudiant
le sujet du sanctuaire, ils comprirent le changement survenu dans les fonctions
sacerdotales du Sauveur, et le contemplèrent, plaidant , devant l’arche de Dieu, les merites de son sang en faveur des
pecheurs.
L’arche du
tabernacle terrestre renfermait les deux tables de pierre sur lesquelles étaient
gravés les préceptes de la loi de Dieu. Le fait que cette arche était le réceptacle
du décalogue lui conférait son caractère sacré. On vient de lire que “ le
temple de Dieu dans le ciel s’étant ouvert ” , “ l’arche de son
alliance apparut dans son temple ” . C’est
La loi de
Dieu déposée dans le sanctuaire céleste est l’auguste original du code dont
les préceptes gravés sur les tables de pierre et reproduits par Moïse dans le
Pentateuque étaient une copie conforme. La constatation de ce fait important
amena les adventistes à comprendre la nature sacrée et l’immutabilité de la
loi divine. Ils virent comme jamais auparavant la portée de ces paroles du
Sauveur : “ Tant que le ciel et la terre ne passeront point, il ne disparaîtra
pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre, jusqu’à ce que tout
soit arrivé. ” (Matthieu 5:18.) Révélation de la volonté de Dieu,
transcription de son caractère, la loi de Dieu, en sa qualité de “ témoin
fidèle qui est dans les cieux ” , est impérissable. Aucun de ses
commandements n’en a été aboli ; nul trait de lettre n’en a été effacé.
Le psalmiste s’écrie : “ A toujours, ô Eternel ! ta parole subsiste dans
les cieux. ” “ Tous ses
commandements sont immuables. Ils sont inébranlables pour toujours, à perpétuité.”
(Psaumes 119 : 89 ; 111 : 7 , 8, version synodale.)
Au centre même
du décalogue se trouve enchâssé le quatrième commandement tel qu’il fut
proclamé à l’origine : Souviens-toi
du jour du repos pour le sanctifier. Tu travailleras six jours, et tu feras tout
ton ouvrage. Mais le septième jour est le jour du repos de
Continuant
à étudier ainsi la Parole de Dieu, le cœur attendri par son Esprit, ils
constatèrent avec surprise qu’ils avaient inconsciemment transgressé ce précepte
en méconnaissant le jour de repos du Créateur, et ils se mirent à examiner
les raisons qui avaient amené les chrétiens à l’observation du premier jour
de la semaine au lieu du jour
Des efforts
nombreux et sérieux furent tentés en vue de les amener à renoncer à cette résolution.
Mais ils avaient bien compris que si le sanctuaire terrestre était une image,
une ombre du céleste, la loi déposée dans l’arche du terrestre était une
copie exacte de celle du céleste. Or, pour eux, l’acceptation de la vérité
concernant le sanctuaire céleste entraînait la reconnaissance des droits de la
loi de Dieu et l’obligation d’observer le sabbat du quatrième commandement.
Cela suscita une opposition acharnée contre l’exposé clair et scripturaire
du ministère de Jésus-Christ dans le sanctuaire céleste. On s’efforça de
fermer la porte que Dieu avait ouverte, et d’ouvrir celle qu’il avait fermée.
Mais “ celui qui ouvre, et personne ne fermera, qui ferme, et personne
n’ouvrira ” , avait dit : “ J’ai mis devant toi une porte ouverte que
personne ne peut fermer. ” (Apocalypse 3 : 7, 8.) Jésus avait ouvert la porte du lieu
très saint ; par cette porte avait jailli un flot de lumière, et l’on avait
compris que le quatrième commandement faisait partie de la loi renfermée dans
l’arche sainte. Ce que Dieu avait établi, nul ne pouvait le renverser.
On découvrit
ces mêmes vérités au quatorzième chapitre de l’Apocalypse. Les trois
messages de ce chapitre constituent un triple avertissement qui doit préparer
les habitants de la terre pour la seconde venue du Seigneur. (Voir Appendice.)
La proclamation :
Le premier
ange invite le monde, à “ craindre Dieu, à lui donner gloire ” , et à
l’adorer comme Créateur des cieux et de la terre. Cela équivaut à une
exhortation à se conformer à sa loi. Le Sage dit : “ Crains Dieu et garde
ses commandements ; c’est le devoir qui s’impose à tout homme. ” (Ecclésiastes 12 : 15 (vers. Synodale).) Hors de
l’observation de ses commandements, aucun culte ne peut être agréable à
Dieu. “ L’amour de Dieu consiste à garder ses commandements. ”
“ Si quelqu’un détourne l’oreille pour ne pas écouter la loi, sa
prière même est une abomination. ” (1 Jean 5 : 3 ; Proverbes 28 : 9.)
Le devoir
d’adorer Dieu découle de sa qualité de Créateur à qui tous les êtres
doivent l’existence. Chaque fois que les Ecritures font valoir les droits de
Dieu à être adoré plutôt que les divinités païennes, c’est à sa
puissance créatrice qu’elles en appellent. “ Tous les dieux des peuples
sont des idoles, et 1’Eternel a fait les cieux. ” (Psaumes 96 : 5.) “ A qui me comparerez-vous, pour que je lui ressemble ? dit
le Saint. Levez vos yeux en haut, et regardez ! Qui a créé ces choses ? ”
“ Ainsi parle, l’Eterne1, le Créateur des cieux, le seul Dieu, qui a
formé la terre, qui l’a faite et qui l’a affermie. ... Je suis l’Eterne1,
et il n’y en a point d’autre. ” (Esaïe 40 : 25, 26 ; 45 : 18.)
Le psalmiste écrit d’autre part : “ Sachez que
1’Eternel est Dieu ! c’est lui qui nous a faits, et nous lui
appartenons. ” “ Fléchissons
le genou devant l’Eterne1, notre Créateur. ”
(Psaumes 100 : 3 ; 95 : 6.) Et les êtres saints qui adorent Dieu dans le ciel donnent
comme suit la raison du culte qu’ils lui rendent : “ Tu es digne, notre
Seigneur et notre Dieu, de recevoir la gloire et l’honneur et la puissance ;
car tu as créé toutes choses. ” ( Apocalypse 4 : 11.)
Le triple
message du quatorzième chapitre de l’Apocalypse, qui invite les hommes à
adorer le Créateur, signale comme résultat de son appel la formation d’un
peuple qui observe les commandements de Dieu. Or l’un de ces commandements
rappelle formellement que Dieu est le Créateur. Le quatrième précepte dit en
effet : “ Le septième jour est le jour, du repos de l’ Eterne1, ton Dieu.
…Car en six jours I’Eternel a fait les cieux, la terre et la mer, et tout ce
qui y est contenu, et il s’est reposé le septième jour : c’est pourquoi
1’Eternel a béni le jour du repos et l’a sanctifié. ” (Exode 20 : 10,
11.) Parlant de son jour de repos, le Seigneur ajoute : “ Qu’il soit entre
moi et vous un signe auquel on connaisse que je suis l’Eternel, votre Dieu.
” (Ezéchiel 20 : 20.) Et la raison en est donnée : “ Car en six jours
I’Eternel a fait les cieux et la terre, et le septième jour il a cessé son
œuvre et il s’est reposé. ” (Exode 31 : 17.)
“ Ce qui
fait l’importance du sabbat comme mémorial de la création, c’est qu’il
rappelle constamment la raison pour laquelle il faut adorer Dieu ” , à savoir
qu’il est le Créateur et que nous sommes ses créatures. “ Le sabbat est
par conséquent à la base même du culte du vrai Dieu, puisqu’il enseigne
cette grande vérité de la façon la plus frappante, ce que ne fait nulle autre
institution. La véritable raison d’être du culte rendu à I’ Etre suprême,
non pas le septième jour seulement, mais constamment, se trouve dans la
distinction qui existe entre le Créateur et ses créatures. Jamais ce grand
fait ne sera aboli, et jamais il ne sera oublié. ” (J. N. Andrews, Hist.
of The Sabbath, chap. XXVII.) C’est pour nous le rappeler constamment que
Dieu institua le sabbat en Eden, et aussi longtemps que son attribut de Créateur
demeurera la raison pour laquelle il faut l’adorer, le jour du repos béni par
lui restera son signe et son mémorial. Si ce jour avait été universellement
observé, les pensées et les affections des hommes se seraient tournées vers le Créateur comme objet de leur adoration et de leur culte,
et jamais on n’aurait entendu parler d’un idolâtre, d’un incrédule ou
d’un athée. L’observation du repos de 1’Eternel est un signe de fidélité
au vrai Dieu, qui a “ fait les cieux, la terre et la mer et tout ce qui y est
En contraste
avec ceux qui gardent les commandements de Dieu et qui ont la foi de Jésus, le
troisième ange signale une autre classe de gens contre les erreurs desquels il
profère ce solennel et terrible avertissement : “ Si quelqu’un adore la bête
et son image, et reçoit une marque sur son front ou sur sa main, il boira, lui
aussi, du vin de la fureur de Dieu, versé sans mélange dans la coupe de sa
colere.” ( Apocalypse 14 : 9.) L’intelligence
de ce message exige une interprétation correcte des symboles employés. Or, que
représentent respectivement la bête, l’image, la marque ?
La chaîne
prophétique dans laquelle apparaissent ces symboles commence au douzième
chapitre de l’Apocalypse, avec le dragon qui tente de supprimer Jésus à sa
naissance. Le dragon, nous est-il dit, c’est Satan ; (Apocalypse 12 : 9.)
c’est lui, en effet, qui poussa Hérode à attenter aux jours du
Sauveur. Mais l’empire romain, dont le paganisme était la religion
officielle, fut le principal instrument de Satan dans sa guerre contre le Christ
et son peuple, au cours des premiers siècles de l’ère chrétienne. Il en résulte
que si le dragon représente Satan, il représente aussi, à un point de vue
secondaire, l’empire romain sous sa forme païenne.
Le treizième
chapitre nous donne la description d’un autre animal (Apocalypse 13 : 1-10)
qui “ ressemblait à un léopard ” , auquel “ le dragon donna sa
puissance, et son trône, et une grande autorité ” . Comme la plupart des
protestants l’ont cru, ce symbole représente la papauté, qui réussit à
s’emparer de “ la puissance, du trône et de l’autorité ” de l’ancien
empire romain. Concernant cette bête semblable à un léopard, on lit : “ Et
il lui fut donné une bouche qui proférait des paroles arrogantes et des blasphèmes.
... Elle ouvrit sa bouche pour proférer des blasphèmes contre Dieu, pour
blasphémer son nom, et son tabernacle, et ceux qui habitent dans le ciel. Et il
lui fut donné de faire la guerre aux
“ Il lui
fut donné le pouvoir d’agir pendant quarante-deux mois.” Le prophète
ajoute : “ L’une de ses têtes ” fut “ comme blessée à mort ” , Et
encore : “ Si quelqu’un mène en captivité, il ira en captivité ; si
quelqu’un tue par l’épée ; il faut qu’il soit tué par l’épée.”
Les quarante-deux mois sont identiques à la période de “ un temps, des temps
et la moitié d’un temps ” —
trois années et demie ou mille deux cent soixante jours — de Daniel, et
pendant lesquels la papauté devait opprimer le peuple de Dieu. Nous l’avons déjà
dit dans les chapitres précédents : cette période, a commencé avec la suprématie
papale en l’an 538 de notre ère et s’est terminée en 1798. C’est alors
que le pape fut fait prisonnier par les troupes françaises, et que la papauté
reçut une “ blessure mortelle ” . Ainsi s’accomplit cette prophétie :
“ Si quelqu’un mène en captivité, il ira en captivité. ” (Apocalypse 13
: 10.)
Ici apparaît
un symbole nouveau. Le prophète dit : “ Puis je vis monter de la terre une
autre bête, qui avait deux cornes semblables à celles d’un agneau. ”
(Apocalypse 13 : 11.) L’aspect de
cette bête et la façon dont elle se révèle indiquent une nation différente
des puissances représentées par les autres symboles. Les grands empires qui
ont dominé sur le monde ont paru aux yeux du prophète Daniel sous l’image de
bêtes de proie montant de la grande mer, sur laquelle soufflaient les quatre
vents des cieux. ” (Voir Daniel 7 : 2.) Au
dix-septième chapitre de l’Apocalypse (verset 15), un ange annonce que les
eaux représentent “ des peuples, des foules, des nations et des langues ” .
Les vents symbolisent la guerre. Les quatre vents des cieux agitant la mer sont
l’emblème des
Il n’en
est pas ainsi de la bête aux cornes semblables à celles d’un agneau, et qui
“ monte de la terre ” . Au lieu d’abattre d’autres Etats pour s’établir
à leur place, la nation en question doit s’élever sur un territoire
jusqu’alors inoccupé, et se développer d’une façon graduelle et
pacifique, Elle ne surgit donc point du sein des nombreuses populations de
Quelle est
la nation du Nouveau Monde qui,
jeune encore vers 1798, attirait l’attention du monde et présageait un avenir
de force et de grandeur ? L’application du symbole ne permet pas un instant
d’hésitation. Une nation, une seule, remplit les conditions de notre prophétie
: les Etats-Unis d’Amérique. A diverses reprises, la pensée et parfois même
les termes du prophète ont éte employés par des historiens et des orateurs
pour décrire la naissance et le développement de cette nation. La bête “
montait de la terre ” . Or, selon les commentateurs, le terme de l’original
rendu ici par “ monter de la terre ”
signifierait “ croître, sortir du sol comme une plante ” . En outre, comme
on l’a vu, cette nation doit s’établir sur un territoire jusqu’alors
inoccupé. Un écrivain estimé, décrivant la naissance des Etats-Unis, parle
de “
ce peuple qui sort mystérieusement du néant ” , et de cette “
semence silencieuse qui devint un empire ” . ( G. A.Townsend, The
New World compared with The Old, p.462.) En 1850, un journal européen
voyait les Etats-Unis comme un empire merveilleux “ émergeant... au
milieu du silence de la terre, et ajoutant chaque jour à sa puissance et à
son orgueil ” (The Dublin Nation).
Dans un discours sur les Pères pèlerins, fondateurs de cette nation, Edward
Everett disait : “ Recherchaient-ils un lieu retiré, inoffensif en
raison de son obscurité, et protégé en raison de son éloignement, où la
petite église de Leyde pût jouir de la liberté de conscience ? Considérez
les puissantes régions sur lesquelles, par une
conquête
pacifique,...
ils ont fait flotter la bannière de la croix ! ” (Speech delivered at Plymouth, Mass., déc. 1824, p. 11.)
Elle “
avait deux cornes semblables à celles d’un agneau ” .
Ces cornes d’agneau symbolisent
la jeunesse, l’innocence, la douceur. Elles représentent bien les Etats-Unis
au moment où le prophète les voit “ monter de la terre ” , en 1798. Parmi
les croyants exilés qui s’enfuirent en Amérique pour se soustraire à
l’oppression des rois et à l’intolé-rance des prêtres, plusieurs étaient
déterminés à établir un Etat sur les larges bases de la liberté civile et
religieuse. Leurs aspirations ont été consignées dans la Déclaration d’Indépendance,
qui proclame cette grande vérité : “ tous les hommes sont créés égaux
” et possèdent des droits inaliénables “ à la vie, à la liberté
et à la recherche du bonheur ” .
En outre, la Constitution garantit au peuple le droit de se gouverner lui-même
par l’élection de représentants chargés par lui d’élaborer et de faire
observer les lois. La liberté religieuse elle aussi a été assurée, chacun étant
déclaré libre de servir Dieu selon sa conscience. Le républicanisme et le
protestantisme, dévenus les principes fonda- mentaux de cette nation,
constituent le secret de sa puissance et de sa prospérité. Les opprimés de
toute la chrétienté ont tourné vers ce pays des regards pleins d’espérance.
Des millions d’émigrés ont débarqué sur ses rives, et les Etats-Unis ont
fini par prendre place parmi les nations les plus puissantes de la terre.
Mais la bête
aux cornes d’agneau “ parlait comme un dragon. Elle exerçait toute
l’autorité de la première bête en sa présence, et elle faisait que la
terre et ses habitants adoraient la première bête, dont la blessure mortelle
avait été guérie ” . Elle
disait “ aux habitants de la terre de faire une image à la bête qui avait la
blessure de l’épée et qui vivait ” (Apocalypse 13 : 11-14).
Les cornes
semblables à celles d’un agneau et le langage du dragon chez cette bête
indiquent une contradiction frappante entre la profession de foi et les actes de
la nation qu’elle représente. C’est par ses lois et par ses décisions
judiciaires qu’une nation “ parle ” , et c’est par ces mêmes organes
que ladite bête démentira les principes libéraux et pacifiques qu’elle a
mis à la base de la chose publique. La prédiction disant qu’elle parlera “
comme un dragon ” , et qu’elle exercera
toute l’autorité de la première bête en sa présence ”
, annonce clairement l’apparition d’un esprit d’intolérance et de
persécution analogue à l’esprit manifesté par les nations représentées
par le dragon et le léopard. Et la déclaration : “ Elle faisait que la terre
et ses habitants adoraient la première bête ” montre que cette nation usera
de son autorité pour imposer certaine pratique religieuse qui constituera un
hommage rendu à la papauté.
De telles
mesures seraient en opposition avec les principes de ce gouvernement et
contraires au génie de ses libres institutions comme aussi aux affirmations les
plus solennelles de la Déclaration d’Indépendance et de la Constitution.
Afin d’éviter tout retour de l’intolérance et de la persécution, les
fondateurs de la nation ont veillé avec soin à ce que 1’Eglise ne pût
jamais s’emparer du pouvoir civil. La Constitution déclare que
“ Disant
aux habitants de la terre de faire une image à la bête. ” Nous nous trouvons
ici en présence d’une forme de gouvernement
dont le pouvoir législatif est entre les mains du peuple, ce qui prouve une
fois de plus que la prophétie désigne les Etats-Unis.
Mais
qu’est-ce que “ l’image de la
bête ” , et comment se formera-t-elle ? Notons qu’il s’agit d’une image
de la première bête érigée par la bête à deux cornes. Pour savoir ce que
sera cette image et comment elle, se formera, il faut étudier les caractéristiques
de la bête elle-même, c’est-à-dire celles de la papauté.
Lorsque la
primitive Eglise eut perdu l’Esprit et la puissance de Dieu en abandonnant la
simplicité de 1’Evangile et en adoptant les rites et les coutumes des païens,
elle voulut opprimer les consciences et rechercha pour cela l’appui de
1’Etat. Ainsi naquit la papauté, c’est-à-dire une Eglise dominant 1’Etat
au profit de ses intérêts, et tout spéciale-ment en vue de bannir “ l’hérésie
” . Si les Etats-Unis en viennent un jour à “ former une image à la bête
” , cela signifie que l’élément religieux aura assez d’ascendant
sur le
Or, chaque
fois que 1’Eglise a pu dominer le pouvoir civil, elle a tenu à réprimer la
dissidence. Les églises protestantes qui ont marché sur les traces de Rome en
s’unissant au pouvoir séculier ont, elles aussi, manifesté le désir de
limiter la liberté de conscience. On en a un exemple caractéristique dans la
longue persécution dirigée par 1’Eglise anglicane contre les dissidents. Au
cours des seizième et dix-septième siècles, des milliers de pasteurs non
conformistes ont dû quitter leurs églises, et un grand nombre de personnes, prédicateurs
et fidèles, ont été condamnées à des amendes ou ont subi la prison, la
torture et le martyre.
C’est
l’apostasie qui amena la primitive Eglise à recherchèr l’appui du
gouvernement et prépara la voie à la papauté, c’est-à-dire à la bête.
Saint Paul l’avait dit : “ Il faut que
La Parole de
Dieu annonce qu’avant le retour du Seigneur, on verra un déclin religieux
analogue à celui des premiers siècles. “ Dans les derniers jours, il y aura
des temps difficiles. Car les hommes seront égoïstes, amis de l’argent,
fanfarons, hautains, blasphémateurs, rebelles à leurs parents, ingrats, irréligieux,
insensibles, déloyaux,
La grande
diversité de croyances parmi les protestants est parfois avancée comme une
preuve décisive que jamais rien ne sera tenté en vue de les amener toutes à
l’unité de la foi. Mais, depuis quelques années, il existe dans les églises
protestantes un courant de plus en plus puissant en faveur d’une fédération
basée sur certains articles de foi. Pour assurer cette union, on évite de
discuter les sujets sur lesquels tous ne sont pas d’accord, quelle que soit
l’importance que la Parole de Dieu y attache.
Dès que les
principales églises protestantes des Etats-Unis s’uniront sur des points de
doctrine qui leur sont communs et feront pression sur 1’Etat pour l’amener
à imposer leurs décrets et à soutenir leurs institutions, l’Amérique
protestante sera formée à une image de la hiérarchie romaine et la conséquence
inévitable en sera l’application de peines civiles aux délinquants.
La bête à
deux cornes “ fit que tous, petits et grands, riches et pauvres, libres et
esclaves, reçussent une marque sur leur main droite ou sur leur front, et que
personne ne pût acheter ni vendre, sans avoir la marque, le nom de la bête ou
le nombre de son nom ” . (Apocalypse 13 : 16, 17.) Or, voici la proclamation
du troisième ange : “ Si quelqu’un adore la bête et son image, et reçoit
une marque sur son front ou sur sa main, il boira,
Reste à définir
“ la marque de la bête ” . Après nous avoir mis en garde contre
l’adoration de la bête et de son image, la prophétie ajoute : “ C’est
ici la persévérance des saints, qui gardent les commandements de Dieu et la
foi de Jésus. ” Le contraste établi dans ce texte entre ceux qui gardent les
commandements de Dieu et ceux qui adorent la bête et son image et en reçoivent
la marque, prouve que l’observation de la loi de Dieu, d’une part, et sa
violation, d’autre part, différencieront les adorateurs de Dieu de ceux de la
bête.
La caractéristique
de la bête, et par conséquent celle de son image, c’est la transgression des
commandements de Dieu. Le prophète Daniel écrit, au sujet du pouvoir représenté
par la petite corne (la papauté) : “ Il espérera changer les temps et la
loi. ” Et saint Paul donne au
pouvoir qui allait chercher à s’élever au dessus de Dieu les qualificatifs
d’“ impie ” et de “ mystère de l’iniquité ” (Daniel 7 : 25 ; 2
Thessaloniciens 2 : 7, 8. Dans ce dernier passage, les mots impie
et iniquité sont traduits de deux termes qui signifient : “
l’homme sans loi ” , “ l’opposition à la loi ” . Voir les versions de
Lausanne et Vevey.) Ces deux prophéties se complètent. Ce n’est qu’en
tentant de changer la loi divine que la papauté peut s’élever au-dessus de
Dieu car ceux qui se soumettraient sciemment à la loi ainsi amendée,
rendraient des honneurs suprêmes à l’auteur de ce changement. Cet acte
d’obéissance aux lois papales serait une marque d’allégeance accordée au
pape au détriment de Dieu.
La papauté
a effectivement tenté de changer la loi de Dieu. Dans les catéchismes, le
second commandement, qui interdit le culte des images, a été supprimé, et le
quatrième a été altéré de façon à ordonner, comme jour du repos,
l’observation du premier jour de la semaine au lieu du septième. Les théologiens
catholiques déclarent que le second commandement a été omis parce qu’il était
inutile, vu qu’il est renfermé dans le premier, et affirment que le texte
qu’ils nous donnent est la loi telle que Dieu voulait qu’elle fût comprise.
Cela ne saurait donc, selon eux, constituer le changement prédit par le prophète,
qui parle d’une altération intentionnelle et réelle : “ Il espérera
changer les temps et la loi. ” Néanmoins, le changement apporté au quatrième
commandement accomplit exactement la prophétie, car la seule autorité sur
laquelle on le fait reposer est celle de 1’Eglise. En cela, la puissance
papale s’élève ouvertement au-dessus de Dieu.
Tandis que
les adorateurs de Dieu se distingueront spécialement par leur respect pour le
quatrième commandement, signe de la puissance créatrice de Dieu, et témoignage
rendu à son droit aux hommages de l’humanité, les adorateurs de la bête se
distingueront par leur tentative d’abolir le mémorial du Créateur en vue de
glorifier l’institution romaine. C’est d’ailleurs en faveur du dimanche
que la papauté a commencé d’affirmer sa prétention de changer la loi de
Dieu (voir Appendice) et qu’elle
a eu pour la première fois recours à la puissance du bras séculier.
Cependant, les Ecritures ne désignent que le septième jour de la semaine, et
jamais le premier, comme “ jour du Seigneur ” . Jésus lui-même a déclaré
: “ Le Fils de l’homme est seigneur même du sabbat. ” D’autre part,
dans le quatrième commandement, Dieu affirme que “ le septième jour est le
repos de l’Eterne1 ” , et, par la plume d’Esaïe, il l’appelle “ mon
saint jour ” (Marc 2 : 28, version de Lausanne) ; Esaïe 58 : 13.)
L’assertion,
si souvent avancée, que c’est Jésus-Christ qui a changé le sabbat est
démentie par ses propres paroles. Dans son sermon sur la montagne, il déclare
: “ Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes ; je
suis venu non pour abolir, mais pour accomplir. Car, je vous le dis en vérité,
tant que le ciel et la terre ne passeront point, il ne disparaîtra pas de la
loi un seul iota ou un seul trait de lettre,
Les
protestants reconnaissent généralement que la Bible ne sanctionne pas le
changement du sabbat. On en voit la preuve dans des publications autorisées.
L’un de ces ouvrages constate “ le silence absolu du Nouveau Testament en ce
qui concerne un commandement explicite en faveur du dimanche ou en fait de règlements
relatifs à son observation ” .
(Georges Elliott, The Abiding Sabbath, p. 184.)
Un autre écrivain
affirme : “ Jusqu’à la mort du Sauveur, aucun changement de jour n’avait
eu lieu ” ; et “ rien ne prouve que les apôtres, aient donné un
commandement explicite enjoignant l’abandon du sabbat du septième jour et
l’observation du premier jour de la semaine ” . (A. E. Waffle, The
Lord’s Day, p. 186-188.)
Les auteurs
catholiques admettent d’autre part que le changement du jour du repos est le
fait de leur église, et déclarent que les protestants s’inclinent devant son
autorité en observant le dimanche. Dans le catéchisme de l’évêque de
Montpellier, en réponse à la question : “ Quel est le jour qu’il faut
observer ? ” on lit : “ Dans l’ancienne loi, on sanc-tifiait le samedi.
Mais l’Eglise, instruite par Jésus-Christ,
et conduite par le Saint-Esprit, a changé ce jour en celui du dimanche, en
sorte qu’au lieu du dernier jour, on sanctifie le premier. ” (Instructions
générales en forme de Cathéchisme, publiées par ordre de Messire Charles
Joachim Colbert, évêque de Montpellier ‘1733’,
p.137, 138.)
Comme signe de l’autorité de 1’Eglise catholique, ses apologistes citent
“ le fait même du transfert du sabbat au dimanche, fait accepté par les
protestants ... qui, en observant le dimanche, reconnaissent que 1’Eglise a le
pouvoir d’ordonner des fêtes et de les imposer sous peine de péché ” .
(H. Tuberville, An Abridgement of the
Christian Doctrine, p. 58.) Le changement du quatrième commandement
n’est-il donc pas nécessairement le signe ou la marque de l’autorité de
1’Eglise catholique, en d’autres termes, “ la marque de la bête
” ?
Or,
l’Eglise catholique n’a pas abandonné ses prétentions à la suprématie,
que le monde et les églises protestantes reconnaissent virtuellement en
acceptant un jour de repos de sa création et en répudiant le sabbat des
Ecritures. Un évêque français affirme que
L’observation
du dimanche imposée par des églises protestantes équivaut à l’obligation
d’adorer la papauté ou “ la bête ”. En outre, en imposant un acte
religieux par l’intermédiaire du pouvoir civil, les églises formeront une
“ image à la bête ” ; il s’ensuivra que tout pays protestant qui
imposera l’observation du dimanche rendra par là obligatoire l’adoration de
la bête et de son image.
Il est vrai
que les chrétiens des générations passées ont observé le dimanche,
convaincus que c’était le jour du repos prescrit par la Bible. Et il y a
actuellement dans toutes les confessions, sans en excepter la communion
catholique romaine, de vrais chrétiens qui croient honnêtement que le dimanche
est d’institution divine. Dieu agrée leur sincérité et leur fidélité.
Mais quand l’observation du dimanche sera imposée par la loi, et que le monde
possédera la lumière sur le vrai jour du repos, celui qui, alors, rendra
hommage à Rome plutôt qu’à Dieu, adorera la bête de préférence à Dieu,
adoptera le “ signe ” de l’autorité de la bête au lieu de celui de
l’autorité divine et obéira aux lois humaines plutôt qu’à la loi de Jéhovah,
celui-là recevra la “ marque de la bête ” .
Le plus
terrible avertissement jamais adressé à des mortels est celui qui est contenu
dans le message du troisième ange. Ce péché est particulièrement odieux
puisqu’il attirera sur la tête des transgresseurs la colère de Dieu sans mélange
de miséricorde. On ne saurait donc laisser le monde dans les ténèbres sur une
question de cette importance. La mise en garde contre ce péché doit parvenir
au monde avant que les jugements de Dieu fondent sur lui ; chacun devra en connaître
les motifs et avoir l’occasion d’y échapper. Or, la prophétie déclare que
cette proclamation sera faite par le premier ange “ à toute nation, à toute
tribu, à toute langue et à tout peuple ” . L’avertissement du troisième
ange, qui fait partie de ce triple message, ne doit pas avoir une publicité
moins large. Il sera, dit la rophétie,
proclamé d’une voix forte par un ange qui vole au milieu du ciel. Il attirera
donc l’attention du monde entier.
Dans ce conflit, toute la chrétienté sera partagée en deux camps : d’une part, ceux qui gardent les commandements de Dieu et ont la foi de Jésus, et, d’autre part, ceux qui adorent la bête et son image et en reçoivent la marque. L’Eglise et 1’Etat auront beau unir leur puissance pour contraindre “ tous, petits et grands, riches et pauvres, libres et esclaves ” , à prendre “ la marque de la bête ” , (Apocalypse 13 : 16, 17.) le peuple de Dieu ne la recevra pas. Le prophète de Patmos voit “ ceux qui avaient vaincu la bête et son image, et le nombre de son nom, debout sur la mer de verre, ayant des harpes de Dieu. Et ils chantent le cantique de Moïse, le serviteur de Dieu, et le cantique de l’agneau ” (Apocalypse 15 : 2, 3).