DANS
sa seconde épître aux Thessaloniciens, saint Paul prédit une profonde altération
de la piété devant aboutir à l'établissement de la puissance papale. Il déclare
que le Seigneur ne reviendra pas avant que c l'apostasie soit arrivée ... et
qu'on ait vu paraître l'homme du péché, le fils de la perdition, l'adversaire
qui s'élève au-dessus de tout ce qu'on appelle Dieu ou de ce qu'on adore,
jusqu'à s'asseoir dans le temple de Dieu, se proclamant lui-même Dieu D. L'apôtre
avertissait encore les croyants en ces termes: c Le mystère de l'iniquité agit
déjà'.. Il voyait alors s'insinuer dans l'Eglise des erreurs qui préparaient
le chemin au développement de la papauté.
Peu
à peu, modestement et en silence d'abord, puis plus ouvertement à mesure qu'il
prenait des forces et recevait plus de crédit, ce « mystère de l'iniquité i,
poursuivait son oeuvre d'égarement. Presque imperceptiblement, des coutumes
païennes pénétrèrent dans l'Eglise. La tendance aux compromis et aux
rapprochements avec le monde fut pour un temps tenue en échec par les cruelles
persécutions que l'Eglise endura de la part du paganisme. Mais dès que la persécution
cessa et que le christianisme eut ses entrées dans les cours et dans les palais
des rois, l'Eglise échangea l'humble simplicité du Christ et de -ses apôtres
contre la pompe et l'orgueil des prêtres et pontifes païens et substitua à la
Parole de Dieu les théories et les, traditions des hommes. La prétendue
conversion de l'empereur Constantin, au commencement du quatrième siècle,
donna lieu à de grandes réjouissances, et le monde, affublé des apparences de
la piété, pénétra dans l'Eglise. Dès lors, la situation s'aggrava
rapidement. Le paganisme, apparemment vaincu, était vainqueur. Ses doctrines,
ses cérémonies et ses superstitions se mélèrent à la foi et au culte des
disciples du Christ.
Un
jour, Satan voulut faire un compromis avec JésusChrist et, l'entraînant dans
le désert, il lui offrit tous les royaumes du monde et leur gloire, à la seule
condition qu'il reconnut sa suprématie comme prince des ténèbres. Jésus réprimanda
le présomptueux tentateur et l'obligea à se retirer. Exerçant cette même
tentation sur les hommes, Satan a mieux réussi. Désireuse de s'assurer les
largesses et les honneurs du monde, l'Eglise se mit à solliciter l'appui et les
faveurs des grands de la terre. Ayant, de ce fait, rejeté Jésus-Christ, elle
le remplaça par un représentant du . prince de ce monde s: l'évêque de Rome.
Une
des doctrines fondamentales de l'Eglise romaine enseigne que le pape, investi
d'une autorité suprême sur les évêques et les pasteurs de toutes les parties
du monde, est le chef visible de l'Eglise universelle. On est allé plus loin
encore. on lui a attribué les titres mêmes de la divinité. Appelé c Seigneur
Dieu, le Pape' D, et déclaré infaillible, il réclame la vénération de tous
les hommes. Satan continue d'exiger, par l'intermédiaire de l'Eglise de Rome,
l'hommage qu'il sollicitait de jésus dans le désert, et des multitudes sont prêtes
à le lui rendre.
Mais
ceux qui craignent et honorent Dieu accueillent ces prétentions de la même
manière que notre Seigneur a reçu les sollicitations de l'Adversaire lorsqu'il
lui dit: « Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu le serviras lui seul'. D
Jamais
Dieu n'a laissé entendre, dans sa Parole, qu'il établirait un homme
quelconque à la tête de son.Eglise. La doctrine de la suprématie papale est
diamétralement opposée à l'enseignement des Ecritures. Le pape ne peut
avoir sur l'Eglise de Dieu qu'une autorité usurpée.
Les
romanistes se sont obstinés à accuser les protestants d'hérésie et à leur
reprocher de s'être volontairement séparés de la véritable Eglise. C'est sur
eux que retombent ces accusations. Ce sont eux qui ont renoncé à la bannière
du Christ et se sont départis • de la foi qui a été transmise aux saints
une fois pour toutes' ..
Les
saintes Ecritures donnent aux hommes la possibilité de découvrir les
impostures de Satan et de résister à sa puissance. C'est cette Parole sainte
que le Sauveur du monde avait opposée à ses attaques. A chaque assaut, jésus
avait présenté le bouclier de la vérité éternelle, en disant: « Il est écrit.
a Contre chaque suggestion de l'Adversaire, il avait cité la sagesse et
l'autorité des Ecritures. Le seul moyen dont Satan disposait pour établir son
ascendant sur les hommes et pour affermir celui de l'usurpateur papal, était
donc de maintenir le monde dans l'ignorance du saint Livre. Comme la Bible
exaltait la souveraineté de Dieu et de la vérité, elle devait être cachée
et supprimée. Telle fut la conclusion logique adoptée par l'Eglise de Rome.
Des siècles durant, la propagation des Ecritures fut interdite. On défendait
au peuple de les lire ou de les posséder chez soi, tandis que des prélats et
des prêtres sans principes les interprétaient de manière à appuyer leurs prétentions.
C'est ainsi que le pape en vint à être presque universellement reconnu comme
le vicaire de Dieu sur la terre, et investi d'une autorité suprême sur
l'Eglise et sur l'Etat.
Le
livre dénonciateur de l'erreur mis de côté, Satan pouvait agir à sa guise.
La prophétie avait déclaré que la
papauté
c espérait changer les temps et la loi ' •. Elle ne
tarda
pas à entreprendre cette oeuvre. Pour donner aux
convertis
du paganisme de quoi remplacer le culte des idoles, et faciliter ainsi leur adhésion
au christianisme, on introduisit graduellement dans l'Eglise le culte des
images et des reliques. Cette idolâtrie fut définitivement reconnue par un
concile général '. Pour masquer cette ceeuvre sacrilège, Rome s'enhardit
jusqu'à effacer de la loi de Dieu le second commandement, qui prohibe le culte
des images, et, pour rétablir le nombre, à partager en deux le dixième.
Les
concessions faites au paganisme ouvrirent la voie
à
un nouvel attentat contre l'autorité du ciel. Par l'intermédiaire de
conducteurs peu scrupuleux, Satan s'attaqua aussi au quatrième commandement. Il
s'agissait d'éliminer l'ancien sabbat, le jour que Dieu avait béni et sanctifié
', et de lui substituer une fête que les païens observaient sous le nom de c
jour vénérable du soleil a. Ce transfert ne fut pas tenté ouvertement. Dans
les premiers siècles, tous les chrétiens observaient le vrai sabbat. Jaloux de
la gloire de Dieu, et convaincus de l'immutabilité de sa loi, ils veillaient
avec zèle sur ses préceptes sacrés. Aussi Satan manoeuvrat-il par ses
agents avec une grande habileté. Pour attirer l'attention sur le premier jour
de la semaine, on commença
par
en faire une fête en l'honneur de la résurrection de
2'/
Jésus-Christ.
On y célébra des services religieux, tout en le considérant comme un jour de
récréation, tandis que le sabbat continuait à être observé comme jour de
culte.
Avant
la venue de Jésus, Satan, pour préparer la voie à ses desseins, avait poussé
les Juifs à charger le sabbat de restrictions fastidieuses qui faisaient de son
observation un devoir désagréable et pénible. Et maintenant, profitant des préventions
dont ce jour était entouré, il le qualifiait de rite judaïque. Tandis que les
chrétiens continuaient à observer le dimanche comme un jour de joie, il les
poussait à manifester leur haine du judaisme en faisant du sabbat un jour de jeûne,
sombre et triste.
Dans
la première partie du quatrième siècle, un édit de l'empereur Constantin établit
le dimanche comme jour de fête dans toute l'étendue de l'empire romain '. Le '
jour du soleil r étant révéré par ses sujets paiens et honoré par les chrétiens,
la tactique de Constantin consistait à rapprocher les adhérents des deux
cultes. Les évêques, aiguillonnés par l'ambition et la soif du pouvoir, le
poussèrent activement dans cette voie. Ils comprenaient, en effet, que si le même
jour était observé par les chrétiens et les païens, ces derniers seraient
incités à embrasser extérieurement le christianisme et contribueraient à la
gloire de l'Eglise. Cependant, si beaucoup de chrétiens pieux étaient
graduellement amenés à attribuer un certain degré de sainteté au dimanche,
ils n'en continuaient pas moins à considérer avec respect le sabbat de
l'Eternel et à l'observer conformément au quatrième commandement.
Déterminé
à rassembler le monde chrétien sous ses étendards et à exercer sa puissance
par son vicaire, le pontife altier qui se donnait comme le représentant du
Christ, le grand Séducteur n'avait pas encore achevé sa tâche. C'est par le
moyen de païens à demi convertis, de prélats ambitieux et de chrétiens
mondanisés qu'il parvint à ses fins. De grands conciles réunissaient de temps
en temps les dignitaires de l'Eglise de toutes les parties du monde. A chaque
concile, on rabaissait le jour divinement institué, et l'on élevait le
dimanche. La fête paienne finit par recevoir les honneurs d'une institution
divine. Quant au sabbat de la Bible, il fut qualifié de vestige du judaisme, et
l'anathème fut prononcé contre ses observateurs.
En
détournant les hommes de la loi de Dieu, le grand apostat avait réussi à «
s'élever au-dessus de tout ce qu'on appelle Dieu ou de ce qu'on adore .. Il
avait osé s'attaquer au seul des préceptes divins qui attire incontestablement
l'attention de toute l'humanité sur le Dieu vivant et vrai. Le quatrième
commandement, en appelant Dieu le Créateur des cieux et de la terre, le
distingue de tous les faux dieux. Or, c'est à titre de mémorial de la création
que le septième jour fut sanctifié comme jour de repos pour la famille humaine.
Il était destiné à rappeler constamment aux hommes que Dieu est la source de
leur être, l'objet de leur vénération et de leur culte. Voilà pourquoi Satan
s'efforce de détourner l'homme de la fidélité et de l'obéissance qu'il doit
à Dieu, et dirige ses attaques contre le commandement qui proclame Dieu comme
Créateur de toutes choses.
Aujourd'hui,
les protestants assurent que la résurrection du Christ a fait du dimanche le
jour de repos des chrétiens. Mais ils n'étayent cette affirmation d'aucune
preuve biblique. Jamais Jésus ni ses apôtres n'ont fait un pareil honneur à
ce jour. L'observation du dimanche comme jour de repos a été engendrée par =
le mystère de l'iniquité' » qui avait déjà commencé d'agir au temps de
saint Paul. Où et quand le Seigneur a-t-il adopté cet enfant de la papauté?
Quelle raison valable peut-on donner en faveur d'un change
ment
que les Ecritures ne sanctionnent pas ?
Au
sixième siècle, la papauté était solidement établie. Le siège de son
empire avait été fixé dans la ville impériale, et l'évêque de Rome était
reconnu chef de toute la chrétienté. Le paganisme avait fait place à la
papauté. Le dragon avait cédé à la bête c sa puissance, et son trône, et
une grande autorité ' .. C'est alors que commencent les mille deux cent
soixante années d'oppression papale annoncées par les prophéties de Daniel et
de l'Apocalypse'. On mit les chrétiens dans l'alternative de choisir soit
l'abandon de leurs principes et l'adoption des cérémonies et du culte papal,
soit la perspective de passer leur vie dans des cachots, ou de mourir par la
roue, le bûcher ou la décapitation. Alors s'accomplit cette prophétie du
Sauveur:. Vous serez livrés même par vos parents, par vos frères, par vos
proches et par vos amis, et ils feront mourir plusieurs d'entre vous. Vous serez
liais de tous, à cause de mon nom'.. La persécution se déchaîna avec furie
contre les fidèles, et le monde devint un vaste champ de bataille. Des siècles
durant, l'Eglise du Christ dut vivre dans la retraite et l'obscurité. Sa
situation est ainsi décrite par le prophète:. Et la femme s'enfuit dans le désert,
où elle avait un lieu préparé par Dieu, afin qu'elle y fût nourrie pendant
mille deux cent soixante jours '. .
L'avènement
au pouvoir de l'Eglise de Rome a marqué le commencement du :Moyen Age. A mesure
que croissait sa puissance, les ténèbres devenaient plus denses. Le pape,
prenant la place de Jésus-Christ, le véritable fondement, devint l'objet de
la foi. Au lieu de s'adresser au Fils de Dieu pour obtenir le pardon des péchés
et le salut éternel, on comptait sur le pape, sur les prêtres et les prélats,
auxquels il avait délégué son autorité. On enseignait aux foules que le pape
étant leur médiateur terrestre, nul ne pouvait s'approcher de Dieu que par lui
; on ajoutait qu'une obéissance implicite lui était due parce qu'il était sur
la terre à la place de Dieu. La moindre infraction à ses volontés attirait
les châtiments les plus terribles pour le corps et l'âme. On détournait ainsi
l'attention de Dieu pour la reporter sur des hommes faillibles et cruels, que
dis-je ? sur le Prince des ténèbres qui agissait par eux. Le péché prenait
le déguisement de la sainteté. Avec la glorification des lois et des
traditions humaines surgissait la corruption des mocurs, corollaire inévitable
de l'abandon de la loi divine. Quand les Ecritures sont supprimées et que
l'homme se met à la place de Dieu, on ne peut que s'attendre à la fraude, à
l'impiété et à la dégradation morale. L'Eglise du Christ vivait des jours périlleux.
Les chrétiens fidèles étaient peu nombreux. La vérité ne resta jamais sans
témoins, mais il y eut des moments où l'erreur et la superstition parurent être
sur le point de supplanter la vraie religion. Les croyants étaient invités non
seulement à considérer le pape comme leur médiateur, mais aussi à compter
sur leurs propres mérites pour expier leurs péchés. C'est par de longs pèlerinages,
des pénitences, le culte des reliques, l'érection d'églises et d'autels, le
don de fortes sommes d'argent qu'il fallait apaiser la colère de Dieu ou
obtenir sa faveur ; comme si Dieu était semblable aux hommes, prêt à
s'irriter pour des bagatelles, ou à se laisser attendrir par des cadeaux ou des
pénitences! L'Evangile était perdu de vue, tandis qu'on multipliait les cérémonies
religieuses et qu'on accablait le peuple d'exactions rigoureuses.
Alors
même que le vice régnait jusque dans les rangs des chefs de la hiérarchie,
l'influence de l'Eglise romaine allait croissant. Vers la fin du huitième siècle,
on prétendait que les évêques de Rome avaient possédé dès les premiers
temps
de l'Eglise toute la puissance spirituelle dont ils se réclamaient. Et comme il
fallait donner à cette affirmation une apparence de véracité, le père du
mensonge fut tout prêt à en suggérer le moyen. Des moines forgèrent de
toutes pièces des écrits que l'on donna pour très anciens. Des décrets de
conciles dont on n'avait jamais entendu parler établissaient la suprématie du
pape depuis les temps les plus reculés. Une Eglise qui avait rejeté la vérité
accueillit ces fraudes avec empressement'.
Perplexes
devant le fatras des fausses doctrines qui leur barraient la voie, les quelques
fidèles qui bâtissaient sur le vrai fondement' étaient tentés de dire, comme
les constructeurs des murailles de Jérusalem au temps de Néhémie : a Les
forces manquent à ceux qui portent les fardeaux, et les décombres sont considérables
; nous ne pourrons pas bâtir la muraille'. a Las de lutter contre la persécution,
la fraude, l'iniquité et toutes les subtilités imaginées par Satan, plusieurs
- par amour de la paix comme pour sauvegarder leurs biens et leur vie - se découragèrent
et abandonnèrent le sûr fondement de la foi. D'autres, sans se laisser
intimider par l'opposition de leurs ennemis, disaient hardiment : a Ne les
craignez pas! Souvenez-vous du Seigneur, grand et redoutable ! a Et ils
allaient de l'avant, avaut « chacun... en travaillant... son épée ceinte
autour des reins' a.
Dans
tous les temps, le même esprit de haine et d'opposition à la vérité a inspiré
les ennemis de Dieu, et le même esprit de vigilance et de fidélité a été nécessaire
à ses serviteurs. Jusqu'à la fin, ces paroles de Jésus à ses premiers
disciples seront opportunes:. Ce que je vous dis, je le dis à tous: Veillez'. a
Les
ténèbres semblaient s'épaissir encore. Le culte des images devenait plus général.
On allumait des cierges devant les statues, et on leur offrait des prières. Les
cérémonies les plus absurdes s'ajoutaient au culte. La superstition exerçait
un tel empire sur les esprits que la raison semblait avoir abdiqué. Les prêtres
et les évêques étant eux-mêmes sensuels, corrompus, amateurs de plaisirs, le
troupeau, imitateur de ses guides, était naturellement plongé dans le vice et
l'ignorance.
Au
onzième siècle les prétentions de la papauté s'accrurent considérablement
lorsque Grégoire VII proclama l'inerrance de l'Eglise romaine. Ce pape
affirmait que,
conformément
aux Ecritures, l'Eglise n'avait jamais erré et n'errerait jamais. Aucune preuve
tirée de l'Ecriturc n'accompagnait son assertion. L'orgueilleux pontife
s'arrogea aussi le pouvoir de déposer les empereurs; il déclara que ses
sentences ne pouvaient être annulées par personne, tandis qu'il avait la prérogative,
lui, d'annuler les décisions de tous '.
Un
exemple frappant de la tyrannie de cet avocat de l'infaillibilité est le
traitement qu'il infligea à l'empereur d'Allemagne, Henri IV. Pour avoir osé
méconnaître l'autorité du pape, ce souverain avait été excommunié et déclaré
déchu de son trône. Terrifié par l'abandon et les menaces de ses princes,
encouragés par le pape à se révolter contre lui, l'empereur se vit réduit à
la nécessité de se réconcilier avec Rome. Au coeur de l'hiver, accompagné de
sa femme et d'un fidèle serviteur, il franchit les Alpes pour aller s'humilier
devant le pape. Arrivé au château où le pontife s'était retiré, il fut
conduit, sans ses gardes, dans une cour extérieure, où, exposé aux rigueurs
de l'hiver, nu-tête, nu-pieds et misérablement vêtu, il dut attendre que le
pape l'autorisât à paraître en sa présence. Ce n'est qu'après trois jours
de jeûne et de confession qu'Henri IV
obtint
son pardon, et cela encore à la condition d'attendre le bon plaisir du pape
pour reprendre les insignes et les prérogatives de la royauté. Grégoire,
enivré de ce succès, déclara que son devoir était d'abattre l'orgueil des
rois.
Quel
contraste entre ce présomptueux pontife et le Christ, humble et doux,
sollicitant la permission d'entrer dans nos coeurs pour y apporter le pardon et
la paix, et disant à ses disciples: a Quiconque veut être le premier parmi
vous, qu'il soit votre esclave'. a
A
mesure que les siècles s'écoulaient, les erreurs se multipliaient dans
l'Eglise romaine. Dès avant l'établissement de la papauté, les théories de
certains philosophes païens avaient commencé à s'infiltrer dans l'Eglise. Des
hommes d'une haute culture, se disant convertis, conservaient les
enseignements de la philosophie païenne et continuaient non seulement à en
faire l'objet de leurs études, mais encourageaient leur entourage à les imiter,
afin d'accroître leur influence sur les païens. De graves erreurs, dont
l'une des principales est le dogme de l'immortalité naturelle de l'âme et de
l'état conscient des morts, furent ainsi introduites dans les croyances chrétiennes.
Rome a fait reposer sur cette base son culte des saints et l'adoration de la
vierge Marie. Cette doctrine détermina aussi l'apparition précoce, dans le
credo papal, de la croyance au supplice éternel des impénitents.
La
voie était ainsi préparée pour l'introduction d'une autre invention du
paganisme, que Rome a dénommée a le purgatoire a, et dont elle s'est servie
pour terroriser les foules crédules et superstitieuses. Elle affirma que les âmes
qui n'ont pas mérité la damnation éternelle doivent, avant d'être admises au
ciel, avoir été purifiées de leurs péchés en un lieu de tourments '.
Une
autre invention, la doctrine des indulgences, permit à Rome de tirer profit des
craintes et des vices de ses adhérents. L'entière rémission des péchés présents,
passés et futurs était promise à ceux qui s'engageaient dans les guerres livrées
par le pape en vue d'étendre sa domination, de châtier ses ennemis ou
d'exterminer ceux qui s'avisaient de nier sa suprématie spirituelle. On
enseignait aussi que, moyennant le versement d'une certaine somme dans le trésor
de l'Eglise, on obtenait soit le pardon de ses propres péchés, soit la délivrance
des âmes gémissant dans les flammes du purgatoire. Voilà comment Rome
s'enrichissait, soutenait sa magnificence et entretenait le luxe et les vices
des soi-disant représentants de celui qui n'avait pas un lieu où reposer sa tête
'.
La
sainte Cène instituée. par notre Seigneur avait été supplantée par le
sacrifice idolâtre de la messe. Les prêtres prétendaient faire du pain et du
vin de la cène le vrai corps et le vrai sang de Jésus-Christ. Ils avançaient
la prétention blasphématoire de créer Dieu, le Créateur de toutes choses. Et
les chrétiens étaient tenus, sous peine de mort, de confesser leur foi en
cette hérésie. Des multitudes furent livrées aux flammes pour avoir refusé
de la reconnaître '.
Au
treizième siècle fut fondée l'Inquisition, le plus cruel des instruments de
la papauté. Les chefs de la hiérarchie papale travaillaient avec la
collaboration du prince des ténèbres. Dans leurs conseils secrets, on eût pu
voir Satan et ses anges diriger l'esprit d'hommes pervertis, tandis que l'ange
de Dieu, invisible au milieu d'eux, prenait fidèlement note de leurs iniques décrets
et enregistrait des faits trop affreux pour être révélés à des humains. a
Babylone la grande a était ivre a du sang des saints a. Les corps torturés de
millions de martyrs criaient vengeance devant Dieu contre cette puissance
apostate.
La
papauté était devenue le despote de l'univers. Rois et empereurs étaient
soumis à ses décrets. Les destinées temporelles et éternelles des hommes
semblaient avoir été remises entre ses mains. Des siècles durant, les dogmes
de Rome furent aveuglément adoptés, ses rites scrupuleusement célébrés et
ses fêtes généralement observées. Son clergé était honoré et largement rétribué.
Jamais, depuis, l'Eglise de Rome n'a atteint un si haut.degré de dignité, de
pouvoir et de magnificence. ,
Mais
a le midi de la papauté coincidait avec le minuit de l'humanité a. Les saintes
Ecritures étaient presque inconnues, non seulement des fidèles, mais aussi du
clergé. Comme les pharisiens du temps de Jésus, les membres du clergé haïssaient
la lumière qui dévoilait leurs péchés. La loi de Dieu, norme de la justice,
une fois supprimée, et leur pouvoir illimité assuré, ils se livraient au vice
sans aucune retenue. La fraude, l'avarice et la dissolution prévalaient. Pour
parvenir à la fortune ou aux dignités, on ne reculait devant aucun crime. Les
palais des papes et des prélats étaient les témoins de répugnantes scènes
de débauche. Certains pontifes s'adonnaient à des crimes tellement odieux
que des souverains, les jugeant trop vils pour être tolérés, tentèrent de
les déposer. Pendant des siècles, l'Europe ne fit aucun progrès dans les
sciences, les arts et la civilisation. La chrétienté était frappée
moralement et intellectuellement de paralysie.
La
condition du monde sous le sceptre de Rome présentait un accomplissement à la
fois frappant et terrible de ces paroles du prophète Osée: a Mon peuple est détruit,
parce qu'il lui manque la connaissance. Puisque tu as rejeté la connaissance,
je te rejetterai, et tu seras dépouillé de mon sacerdoce; puisque tu as oublié
la loi de ton Dieu, j'oublierai aussi tes enfants. a a Il n'y a point de vérité,
point de miséricorde, point de connaissance de Dieu dans le pays. Il n'y a que
parjures et mensonges, assassinats, vols et adultères; on use de violence, on
commet meurtre sur meurtre'. a 'l'elles étaient les conséquences de la proscription
de la Parole de Dieu.
1
2 Thessaloniciens 2:3,4,7.
1Luc
4: 8. Jude 3.
1Daniel
7:25.
3
Genèse 2:2,3.
1
2 Thessaloaieiens 2: 4, 7.
1Apocalypse
13:2
2
Daniel 7:25 ; Apocalypse 13:5-7.
3
Luc 21:16,17.
4
Apocalypse 12 : 6.
1
1 Corinthiens 3:10. 11.
2
Néhémie 4:10.
3
Néhémie 4:14, l8 Ephésiens
6 1..
4
Marc 13:37.
2
Matthieu 20:27.
1
Osée 4:6, 1, 2.